Après un revers chez Orange, la CGT a l’oeil rivé sur les élections dans la fonction publique
Détrônée chez Orange par la CFDT, empêtrée dans une profonde crise interne, la CGT traverse une passe difficile, à dix jours des élections professionnelles dans la fonction publique, son bastion, où elle veut garder sa domination intacte.
Vendredi 21 novembre, le syndicat a perdu sa première place chez l’opérateur télécom, du jamais vu dans l’histoire du groupe, chutant de trois points à un peu moins de 20 % contre plus de 30 % il y a dix ans.
C’est le deuxième scrutin récent d’ampleur où la centrale perd des plumes, après EDF (près de 4 points perdus) et la SNCF (- 1,69 %).
C’est le deuxième scrutin récent d’ampleur où la centrale perd des plumes, après EDF (près de 4 points perdus) et la SNCF (- 1,69 %).
Progression du nombre de cadres - « C’est un mouvement de fond, ce n’est pas fini », prévient Bernard Vivier, président de l’Institut supérieur du travail. Ces résultats sont des « clignotants qui indiquent le risque réel d’affaissement électoral de la CGT ». La raison ? Une « progression du nombre de cadres » dans le monde du travail alors que le syndicat « a une image ouvrière et une vision du syndicalisme « centrée sur la préservation des acquis sociaux » qui n’est « pas adaptée », explique-t-il à l’AFP.
« On a une image un peu caricaturale d’ouvriériste » et les cadres ne sont « pas notre première force », reconnaît Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l’Ugict (CGT-cadres). Mais, relève-t-elle auprès de l’AFP, la centrale est deuxième au plan national chez les cadres « juste derrière la CFDT et devant la CFE-CGC ».
Wall street management - Selon elle, confrontés au développement d’une forme de « Wall street management », les cadres se retrouvent « isolés », « plus individualistes » face à un « syndicalisme qui représente un collectif ». La CGT doit offrir « un syndicalisme utile au cadre au quotidien dans son travail », avec des propositions sur le rythme de travail ou la reconnaissance des qualifications, poursuit-elle.
Les yeux sont braqués sur le scrutin du 4 décembre, lors duquel 5 millions de fonctionnaires sont appelés à voter. La CGT est aujourd’hui en tête (25,4 % des voix) avec plus de 6 points d’avance devant la CFDT. Ses bastions sont la FPT et l’hospitalière, mais à l’Etat, qui compte bien plus de cadres (53 %, en catégorie A), le syndicat n’est que troisième derrière FO et la FSU.
Pas de bouleversement en vue ? - « Pour l’instant, je n’ai pas d’éléments qui permettent de dire qu’il y a lieu d’être inquiet. Il n’y a pas de thermomètre qui nous dise aujourd’hui qu’il y a des endroits où on sent la catastrophe arriver », assure Jean-Marc Canon, numéro un de la fédération de fonctionnaires CGT.
Le syndicat ayant six points d’avance (et ayant progressé de près de deux points lors des dernières élections en 2011), M. Canon « ne croit absolument pas à un bouleversement » du même ordre que celui vécu chez Orange. Et il refuse l’idée « que la CGT serait par nature une organisation uniquement prolétarienne ». « C’est un scrutin déterminant pour nous et pour toute la CGT », dit-il.
Autre défi la semaine prochaine: les élections à La Poste, où le syndicat est aussi en tête.
Autre défi la semaine prochaine: les élections à La Poste, où le syndicat est aussi en tête.
« Coup de tonnerre extraordinaire »- Pour M. Vivier, si la CGT perd beaucoup de terrain chez les fonctionnaires, « ce serait une vraie alarme » et « ce serait un coup de tonnerre extraordinaire si le syndicat perdait la première place ».
Ces difficultés électorales interviennent en pleine crise interne, aggravée par l’affaire des travaux coûteux dans l’appartement de fonction du numéro un, Thierry Lepaon. « L’affaire qui a fait le buzz médiatique a donné lieu à des réactions, mais est-ce que vraiment ça a une influence sur le vote ? » se demande M. Canon. Sûrement pas, estime le principal intéressé : « Ca intéresse un microcosme politique. »
M. Lepaon reconnaît toutefois que la centrale doit « repenser ses modes de fonctionnement ». Il a reçu récemment les membres du bureau confédéral, notamment ses opposants, pour des échanges « francs et sincères ».
Pour autant, « la crise interne reste profonde », selon un analyste.
M. Lepaon reconnaît toutefois que la centrale doit « repenser ses modes de fonctionnement ». Il a reçu récemment les membres du bureau confédéral, notamment ses opposants, pour des échanges « francs et sincères ».
Pour autant, « la crise interne reste profonde », selon un analyste.
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