samedi 20 février 2010

Après une semaine de grève suivie par 95% des salariés emmenés par la CFDT, la direction du site industriel de Saint-Étienne:l'action syndicale paie !

18/02/2010
L’action syndicale paie : ZF Mecacentre abandonne son plan social
Après une semaine de grève suivie par 95% des salariés emmenés par la CFDT, la direction du site industriel de Saint-Étienne décide l’annulation des 55 licenciements.
À l’heure où de nombreuses entreprises de la région sont menacées de fermeture, la victoire a de quoi susciter le sourire des délégués syndicaux de ZF Mecacentre
1 et le soulagement des salariés dont l’emploi a été sauvegardé. L’affaire était pourtant bien mal engagée. Conséquence directe de la chute du marché automobile mondial, l’unité de production de l’équipementier allemand basée dans la Loire est en perte de vitesse : l’entreprise annonce une baisse de 40 % de son chiffre d’affaires en 2009. Pour rééquilibrer les comptes et préparer la sortie de crise, la direction annonce le 10 décembre, lors d’un CE extraordinaire, sa décision de tailler dans les effectifs : 20 % du personnel est touché, soit 55 salariés sur les 277 que compte le site de Saint-Étienne. Pour les salariés comme pour les délégués du personnel, c’est l’incompréhension. « La direction a pris cette décision sans s’interroger sur les autres pistes possibles pour préserver l’emploi sur le site », explique le délégué syndical CFDT Smaïn Chakour, rapidement conforté par l’expert nommé dès l’annonce du PSE. De cette expertise ressortent plusieurs alternatives comme le recours au chômage partiel ou la possibilité de « récupérer des activités et des pièces transférées quelques années auparavant à la concurrence ».
Quelle que soit la solution privilégiée par la direction, la logique des salariés est celle du maintien de l’emploi, coûte que coûte. Une logique qui n’a pas échappé à la direction lorsqu’à la réunion du 19 janvier, elle a dû faire face à une intersyndicale soudée et un personnel déclaré en grève illimitée. « Quand nous avons informé les salariés de la teneur des discussions et des propositions que nous avions émises pour sortir de cette crise en évitant le PSE, les salariés ont considéré qu’ils devaient prendre part à la bataille », se souvient Abdel Aziz Laidouni, délégué du personnel.
Solidarité salariale
C’est dans cet esprit que les délégués ont retransmis à la direction les points du carnet de revendications de leurs collègues : suppression du PSE, paiement des heures de grève et démission de la direction. « À aucun moment du conflit, la logique des salariés ne s’est tournée vers l’enveloppe qu’ils pourraient toucher en étant licenciés, malgré leur ancienneté, douze ans en moyenne », poursuit Smaïn.
Durant une semaine, les salariés de ZF Mecacentre vont montrer une solidarité à toute épreuve. Une fois mis à l’arrêt l’ensemble des machines, le personnel gréviste multiplie les actions de visibilité pour tenter de faire bouger la direction. Plusieurs opération de tractage sont organisées lors des grands rassemblements locaux (matchs de foot, concerts) et aux points stratégiques (péages d’autoroute) pour sensibiliser l’opinion publique. Une logique s’impose lors des rencontres avec la direction : « Avant d’aller exposer aux salariés ce qui s’était dit en réunion, nous faisions un debriefing rapide entre organisations syndicales pour parler d’une seule voix et travailler dans le même sens, celui de l’intérêt des salariés. »
Une sortie en douceur
Initialement programmée le 27 janvier, l’analyse du volet social par les négociateurs n’aura pas lieu. La direction a avancé la réunion au 25 et changé l’ordre du jour pour s’entretenir de la situation de l’entreprise. « Après une semaine de grève, le blocage des chaînes de production devenait un réel problème pour la direction, engagée sur un certain nombre de commandes à respecter », explique Smaïn. Aussi la direction propose-t-elle, à l’issue d’une première rencontre, la suspension du PSE jusqu’au 1er mars, les salariés étant invités dans cet intervalle à reprendre le travail. Cette proposition sera unanimement refusée par les syndicats et les salariés, bien déterminés à aller jusqu’au bout. De retour à la table des négociations l’après-midi, le virage est total. La direction accepte la levée du plan social et le paiement des jours de grève en échange de la reprise immédiate de l’activité.
Une surprise pour l’ensemble des salariés et leurs représentants, qui décident d’abandonner le troisième volet du carnet de revendications, à savoir la démission de la direction. « Nous préférons continuer à discuter avec cette direction, explique la CFDT. Car, malgré le protocole d’accord, nous avons encore du travail à faire avec la direction et avec l’expert pour redresser durablement la situation de l’entreprise. Nous devons conquérir de nouveaux marchés, et trouver des produits innovants pour assurer l’avenir, car notre entreprise ne pourra pas avoir éternellement recours au chômage partiel ». Sur ses gardes, la CFDT, moteur dans ce conflit, peut quand même savourer sa victoire.
Anne-Sophie Balle
(1) L’entreprise fabrique des pièces de sécurité pour les constructeurs allemands BMW et Mercedes.

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