Les annonces présidentielles pour relancer l’alternance n’ont pas convaincu la CFDT, qui doute de leur efficacité et dénonce le court-circuitage des partenaires sociaux.
L’alternance, remède miracle au chômage des jeunes ? Voire. Tel est en tout cas le point de vue défendu par le chef de l’État qui a dévoilé, le 1er mars à Bobigny, son plan pour booster l’alternance : « En Allemagne, deux tiers des jeunes sont formés en alternance, en France un tiers. Voilà la différence. » L’objectif affiché est pour le moins ambitieux : « porter le nombre de jeunes formés par l’alternance de 600 000 à 1 million à terme », avec un objectif intermédiaire de 800 000 en 2015.
Pour l’atteindre, le président de la République a relevé de 3 à 4% le quota de jeunes en alternance pour les entreprises de plus de 250 salariés, dont la taxe d’apprentissage sera désormais modulée selon un système de bonus-malus (lire ci-contre). Quant aux entreprises de moins de 250 salariés, qui restent les principales pourvoyeuses de contrats d’apprentissage et de professionnalisation, elles bénéficieront d’une exonération totale de charges sociales dans les six mois suivant toute embauche supplémentaire en alternance. La mesure, établie dans le cadre du plan de relance, avait été supprimée au 31 décembre 2010.
Le chef de l’État a par ailleurs annoncé une réforme de la taxe d’apprentissage, dont la part affectée aux écoles (le “barème”, qui représente 48% du produit de la taxe) ne sera plus indexé sur la masse salariale. Cela doit permettre « de dégager de 50 à 90 millions de plus par an pour financer l’apprentissage ». En sus, 500 millions d’euros, mobilisés à travers le grand emprunt, serviront à moderniser les centres de formation des apprentis et créer des places d’hébergement, ainsi que pour la revalorisation du « statut social » des apprentis.
Des annonces « inopportunes »
« L’objectif de 4 % est positif », a acté la secrétaire nationale Anousheh Karvar, « mais la CFDT doute que ces annonces améliorent sensiblement le recours à l’alternance dans les entreprises ». Ce scepticisme porte sur le fond : « La politique de bonus-malus a déjà montré son inefficacité pour l’emploi des personnes handicapées, des seniors et pour l’égalité salariale des hommes et des femmes. »
Sur la forme, la CFDT a dénoncé « des annonces inopportunes » : « Au moment où syndicats et patronat négocient sur les moyens de donner une nouvelle impulsion à l’alternance » et où « la CFDT souhaite des engagements chiffrés de la part des organisations patronales », a rappelé Anousheh Karvar, « les décisions du président de la République ne sont pas de nature à simplifier la tâche des partenaires sociaux et ne renforcent pas le dialogue social. »
A. S.
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