mercredi 30 mars 2011

Faut-il s'inquiéter de la présence de plutonium à Fukushima ? Rue 89 vous répond..


Faut-il s'inquiéter de la présence de plutonium ** à Fukushima ?

Par Sophie Verney-Caillat
Rue89
30/03/2011
13H10


NON ?


Le mot fait peur car il est synonyme de bombe. C'est en effet ce métal lourd qui a permis de réaliser la première explosion atomique. Il est bien plus radioactif que l'iode ou le cesium (il perd la moitié de sa radioactivité en 24 000 ans, contre 8 jours pour l'iode et 30 ans pour le cesium*).


Pour aller plus loin






► Toutes les réponses aux questions que vous n'osez pas trop poser sur le nucléaire.


La présence de plutonium sur le site de la centrale japonaise de Fukushima ne surprend pas outre-mesure les experts du nucléaire, mais ils ont peu d'infos sur le lieu exact où il a été retrouvé.


« Dans la mesure où du plutonium est incorporé dans le combustible, et que celui-ci fuit, on a des fuites de plutonium aussi », explique Roland Desbordes, le président de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). S'il aimerait savoir précisément où et combien de plutonium a été retrouvé, il rassure sur un point :


« Ce sont des particules, des poussières lourdes et pas volatiles**, on ne va pas les retrouver très loin de la centrale. »


L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française n'est pas plus avancée :


« On ne sait pas si ce plutonium vient de l'accident. On pense que le niveau mesuré correspond à peu près au “bruit de fond” antérieur. Une surveillance est en cours. »
Rien de comparable avec Tchernobyl






Le directeur de la sûreté des installations à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Thierry Charles, explique d'où peut venir ce plutonium et jusqu'où il n'ira pas :


« Cette présence de plutonium veut dire qu'il y a dans le réacteur des combustibles très fortement dégradés, ce qu'on savait déjà. Il est logique qu'il circule sur le site, notamment avec l'eau injectée sur les réacteurs.
Mais on n'est pas dans la situation de Tchernobyl où le cœur a brûlé en plein air pendant douze jours, avec des dépôts de plutonium observés jusqu'à 30 km à cause de l'explosion. Là, l'essentiel des radioéléments reste à l'intérieur de l'enceinte de confinement de la centrale. Même si elle fuit. »
En d'autres termes, le plutonium ne vole pas et n'est pas en train de se répandre dans l'environnement.




* Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi peut également contenir du césium 135 (à très longue période radioactive), du césium 134 (période de 2 ans), et le césium 137 (période de 30 ans)

**C'est sous forme d'aérosols (fines particules en suspension dans l'air) qu'il est redoutable. La contamination, si elle a lieu au niveau des poumons sera critique : le sang va emporter le plutonium là où il aime se concentrer, par exemple le foie et les os.



La "période biologique" d'un élément radioactif est le temps que va mettre un tissus vivant pour se débarrasser de la moitié de la quantité qu'il contient. Pour l'homme, la période biologique est estimée à 40 ans pour le plutonium dans le foie et à 100 ans dans les os ! Quand on sait que le plutonium a une forte affinité pour la partie active des os, là où naissent les leucémies...

La quantité maximale tolérable de plutonium 239 laisse penser que 50 millièmes de milligramme peuvent constituer une dose mortelle (100 fois la dose tolérable). La dose tolérable est le fruit d'un calcul scientifique savant tenant compte de nos tissus, du type de source radioactive, etc... tout ça mélangé avec plein d'unités compliquées (Rads, Sieverts, Curies, Becquerels,...). A voir sur la page des unités !


Peu de produits toxiques ont été étudiés aussi soigneusement. Certains spécialistes en arrivent même à oublier les aspects négatifs des propriétés du plutonium simplement parce qu'elles sont cataloguées avec précision



OU BIEN OUI?

Alerte Plutonium Fukushima 3 : MOX et INTOX



Article placé le 17 mar 2011, par Mecanopolis



La Tokyo Electric Power Co (TEPCO) est la compagnie d’électricité japonaise qui exploite les sites des centrales nucléaires de Fukushima Dai Ichi où se sont produites les explosions et le site de Fukushima Daini distant d’une douzaine de kilomètres, l’ensemble totalisant dix réacteurs qui alimentent en électricité Tokyo et sa région.



Ces réacteurs sont à eau bouillante, celle-ci chauffée par la fission des atomes du combustible qui se transforme en vapeur est dirigée directement par un circuit primaire radioactif vers un générateur d’électricité, cette configuration est totalement différente des Réacteurs dits à Eau Pressurisée (REP) exploités en France qui comportent un circuit secondaire non radioactif avec un échangeur qui alimente la turbine du générateur.



Face à la succession d’évènements catastrophiques d’ordres naturels qui se sont produits au Japon suite aux tremblements de terre et au-delà des drames humains il est fondamental d’aller à l’essentiel, c’est à dire à ce qui pourrait hypothéquer durablement le devenir du vivant sur une zone plus ou moins vaste, voire à l’échelle du Japon et des pays satellites ou pire, un scénario de catastrophe environnementale planétaire jamais égalé.



Malheureusement dans le cas du site nucléaire de Fukushima, la « hiérarchie catastrophe » peut atteindre un paroxysme avec le réacteur 3 de 34 ans d’âge qui a été chargé pour la première fois en combustible MOX fourni par AREVA en août 2010.



Dans le quotidien JAPAN TODAY du dimanche 22 août 2010 il était écrit en titre :

« La compagnie électrique de Tokyo a chargé en combustible MOX le vieux réacteur de Fukushima«



« Tokyo Electric Power Co loaded plutonium-uranium mixed oxide fuel Saturday into a reactor at its nuclear power plant in Fukushima Prefecture in preparation for the largest Japanese utility’s first plutonium-thermal power generation. The No. 3 reactor at the Fukushima No. 1 plant would be the third in Japan to be used for the so-called Pluthermal generation, but the only one among the three to have been subjected to antiaging treatment with 34 years since its launch »



« La Tokyo Electric Power Co (TEPCO) a chargé du combustible oxyde mixte de plutonium-uranium (MOX) ce samedi dans un réacteur de sa centrale nucléaire de la région de Fukushima en vue de la plus grande production d’électricité de réaction nucléaire réalisée au plutonium au Japon. « Le réacteur du numéro 3 de la centrale N°1 de Fukushima sera le troisième au Japon à passer à la génération dite Pluthermal (Plutonium-Thermique), mais le seul parmi des trois à avoir été soumis à un traitement anti-vieillissement depuis son activation, car il est âgé de 34 ans »



Sous l’article deux commentaires explicites :



« … l’incompétence au Japon est élevée au niveau maximum, de cette façon elle fait courir un grand danger pour l’humanité« .

Le deuxième commentaire était prémonitoire :



« Maybe they forgot to tell everyone how they’ve determined there will never be any more earthquakes. Idiots are indeed correct. Likely long-term pain for short term gain«



« Peut être qu’ils devraient dire comment ils ont déterminé qu’il n’y aurait jamais de tremblement de terre. Dire que se sont des idiots est correct. Il y aura probablement des douleurs sur le long terme pour des gains sur le court terme«



Dans un autre article du JAPAN TODAY daté du 18 septembre 2010, ayant pour titre : « La production d’électricité Pluthermal (Plutonium-Thermique) commence à la centrale de Fukushima 1″



« Lors de l’activation la compagnie a indiqué qu’elle a eu des difficultés à démarrer le réacteur n ° 3 de la centrale située à Fukushima et a reporté l’activation initialement prévue pour vendredi soir. » « The company said the alarm light indicating the conditions of the pipe valve for the emergency core cooling system did not function properly. » « La compagnie a déclaré que le voyant d’alarme indiquant des conditions anormales de la vanne de commande des tuyaux pour le système de refroidissement d’urgence ne fonctionnait pas correctement. »
En mars 2011, aux vues des événements, cette information prend une toute autre dimension.






FUKUSHIMA ALERTE PLUTONIUM


Le MOX, pour « Mixed Oxydes » est un combustible hautement toxique et dangereux composé d’environ 6 à 7 % de dioxyde de plutonium récupéré en « retraitant » du combustible nucléaire usé qui est mélangé à du dioxyde d’uranium neuf appauvri. Le MOX entre plus facilement en fusion que les combustibles classiques, il est utilisé dans 20 des réacteurs du parc nucléaire français. Le problème majeur est que le plutonium du MOX est très toxique à court et à long terme. En voix aériennes, on estime qu’une quantité de l’ordre d’une dizaine de milligrammes provoque le décès d’une personne ayant inhalé en une seule fois des oxydes de plutonium. La relation dose-effet mise en évidence comporte un seuil d’apparition des tumeurs au poumon pour une dose millésimale, de plus une part importante inhalée passe des poumons au sang qui le diffuse vers d’autres organes (ganglions lymphatiques, foie, etc …), plus ou moins vite selon la taille des particules, pour aboutir aux cancers.
Selon sa composition isotropique il est capable de contaminer des masses considérables d’eau de mer pour plus d’un siècle qui correspond au mieux, à sa demi-durée de vie et au pire, pour 240 siècles ! Le plutonium qui est produit par le coeur des réacteurs nucléaires sous l’effet du flux de neutrons, fait non seulement partie des éléments présentant une radiotoxicité très élevée, mais tous les isotopes et autres composés issus du plutonium sont aussi classés très toxiques et radioactifs (voir Wikipedia). Ce qui rend particulièrement dangereux le plutonium est entre autre, la forte énergie de ses émissions de particules alpha d’une valeur de 5 MeV à comparer au 0,02 MeV du tritium.
D’après les informations de dernières minutes, le vieux réacteur 3 de Fukushima Dai Ichi est entré partiellement en fusion, un risque de désintégration est une hypothèse qui n’est non pas à exclure, mais dans le domaine du probable. Cela aurait pour conséquence un rejet massif dans l’environnement et dans l’atmosphère de particules hautement radiotoxiques.
Le pire étant que le réacteur 3 avec 784 MW est 1,5 fois plus puissant que le réacteur 1 de 460 MW chargé avec de l’uranium enrichi, ce qui signifie que son chargement en combustible, donc en plutonium, est beaucoup plus conséquent, avec en parallèle une chaleur dégagée à l’arrêt nettement plus importante à gérer.
Mais il y a pire que pire dans un des scénarios possibles avec le réacteur 3 de Fukushima : Le combustible MOX qui est un mélange, a un point de fusion nettement plus bas que les autres combustibles dits classiques, en conséquence, dans une configuration accidentelle comme actuellement le risque dit de criticité, c’est à dire l’enclenchement d’une réaction nucléaire en chaîne incontrôlable est beaucoup plus important. D’autres problèmes collatéraux aggravent encore la situation pour « les pompiers de services » qui se sacrifient pour éviter que la cuve ne fonde pas, en effet l’eau mélangée au bore qui sert à atténuer les effets d’échauffement de la radioactivité (absorbe les neutrons) est d’une efficacité moindre avec le MOX.
Côté chiffres, ils sont effrayants, la masse de plutonium présente dans le réacteur 3 du site nucléaire de Fukushima Dai Ichi est considérable, elle se chiffre à plusieurs centaines de kilogrammes, une catastrophe planétaire inégalée, créée par l’homme, est donc possible pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.
Pendant ce temps, même en zappant pas moyen d’y échapper, sur les plateaux de télévision un tandem composé d’un monsieur qui « sait tout » appelé Eric Besson, accompagné par l’inoxydable NKM qui ne sait rien, mais qui parle beaucoup pour ne rien dire, n’évoquent évidemment pas le MOX, mais sont les rois de l’INTOX. Avec le MOX Français d’AREVA au Japon, mieux vaut actuellement adopter un profil bas ! Ce tandem irréel veut rassurer et ils ressassent à qui veut l’entendre que ce n’est pas la partie nucléaire qui a failli sur les réacteurs de la centrale de Fukushima Dai Ichi, mais les tuyaux, c’est-à-dire les systèmes de refroidissement et de secours inclus à cause du tsunami, cela est hautement inenvisageable en France, etc … Certaines problématiques des risques issues des catastrophes naturelles majeures sont par essence ingérables, en conséquence gérer une centrale atomique avec un risque zéro est donc impossible : sur ce postulat et actualité oblige, les personnes en charge de responsabilités devraient en tirer les conclusions qui s’imposent. Andréas Heumann, chercheur au CNRS a déclaré : « Le problème avec le nucléaire, c’est que cette technologie n’est pas maîtrisable, on peut arriver à garder le contrôle dans des conditions normales. Mais il y a tellement de situations anormales qui peuvent survenir ».


Source : Next-up.org
Merci à IFS de nous avoir fait parvenir ce document.









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