mercredi 22 février 2012

Sacré Borloo ! Copains et coquins s'entraident vraiment biennng ...: "Alain Minc( l') a tuer»













Zone de Texte: 1/5 Jean-Louis Borloo : «Alain Mine m'a tuer»
Plut          FINE ORAN(,E
ARTICLE PUBLIÉ LF MARDI 21 FÉVRIER 2012
« J'ai fait la connerie d'aller voir Alain Mine. » Lundi matin, Jean-Louis Borloo ne se faisait plus d'illusion sur son sort, auprès de ses proches : depuis les fuites dans la presse, son éventuel parachutage à la présidence du groupe Veolia était mort. Les réactions politiques ont été immédiates : elles condamnent sans appel l'arrivée de l'ancien ministre de l'environnement à la tête d'un des groupes les plus politiques de France, qui traite avec toutes les collectivités locales.
Dès la nouvelle connue, le PS a dénoncé les «petits arrangements entre amis chi Fouquet :s». François Hollande a poursuivi sur son compte Twitter : «Nicolas Sarkozy est moins le candidat du peuple que celui des conseils d'administration», tandis qu'Eva Joly parlait d'une « confusion d'intérêt rarement vue », y voyant un retour de la« République des cadeaux ».
FréfIGON lielnandr                                         r                       Ovol
Hepe-d. acesse. té eg,
cana                   e R,e sehi des enx.!s ifacIrn rieran. reh2012
Furieux d'être pris dans une polémique qu'il n'avait pas vue venir, l'Elysée tente de désamorcer au plus vite ce dossier explosif, qui ramène à cette présidence du Fouquct's et du Cac 40, que le candidat Nicolas Sarkozy cherche désespérément à faire oublier. Dès lundi matin, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'environnement et désormais porte-parole du candidat de l'UMP, a démenti tout arrangement entre Nicolas Sarkozy et Henri Proglio, dans l'avion qu'ils avaient pris ensemble pour avaliser le rachat de Photowatt par EDF, jeudi dernier.« J'étais dans l'avion, il n'y a pas eu d'aparté, il n'y a pas eu de discussion sur ce sujet, donc ça, c'est faux », a-t-elle insisté. Nicolas Sarkozy a contre-attaqué, à son tour, sur BFMTV


Jean-Louis Borloo soupçonne directement Alain Minc, rencontré la semaine dernière, d'être à l'origine de la déflagration actuelle, afin de tuer le projet de sa nomination dans l'oeuf. Car le conseiller du soir de Nicolas Sarkozy a lui-même son propre candidat, un de ses clients : Jacques Veyrat, l'ancien dirigeant du groupe Louis-Dreyfus, évincé ces derniers mois par la veuve de Robert Louis-Dreyfus. « C'est absurde », rétorque Alain Mine : « Il n'est même pas sûr que Jacques Veyrat ait envie d'un tel poste. Il souhaite peut-être faire autre chose de sa vie. »
Tout semblait pourtant si bien huilé. Depuis des semaines, le putsch contre Antoine Frérot se préparait silencieusement. « Henri Proglio n'a jamais réussi à se détacher de Veolia. Il voulait même en garder la présidence, tout en prenant celle d'EDF. En nommant son fidèle bras droit, il pensait gouverner par procuration. Cela ne s'est pas passé comme prévu. Antoine Frérot a pris son indépendance et a remis en cause une partie de sa stratégie. Henri Proglio a pris cela comme une trahison », dit un observateur.
« Bien sin-, Henri Proglio reste attaché à Veolia. Il y a passé quarante ans de sa vie. Mais il a malgré tout tourné la page. S'il est intervenu, c'est à la demande des grands actionnaires du groupe. Dassault, les fonds qataris, le Crédit mutuel, Groupama, sont inquiets de
1 'évolution du groupe. Ils sont venus le voir pour lui demander rie faire quelque chose », raconte un proche du dossier, en défense d'Henri Proglio. « Antoine Frérot s'est même fâché avec la Caisse des dépôts, un de ses plus grands actionnaires. Celle-ci a très mal


pris de découvrir dans la presse des changements qui la concernaient directement », enchaîne un troisième témoin.
Coupures politiques
La situation de Veolia, il est vrai, est sérieuse. Etranglé par un endettement de plus de 15 milliards d'euros, le groupe de services aux collectivités locales se débat dans les difficultés financières. Dès sa nomination, Antoine Frérot, poussé par la nécessité, a décidé de tourner le dos à la stratégie d'Henri Proglio, héritage direct de la vieille Générale des Eaux de Guy Dejouany : un appétit de pouvoir impérial, symbolisé par une expansion tous azimuts dans mille activités qui enserre dans un maillage étroit les collectivités locales.
Le nouveau président de Veolia a donc commencé à normaliser toute la gestion, à tirer un trait sur des marchés étrangers ou sur des activités, prônant un recentrage actif. Le groupe s'apprête ainsi à supprimer 40 pays de sa carte et a déjà commencé à vendre des activités. Antoine Frérot a justifié ce revirement en expliquant que le monde avait changé, que les problèmes de dettes, de pouvoir d'achat, devenaient récurrents et demandaient une adaptation du groupe. Ombrageux, Henri Proglio n'a pu s'empêcher d'y voir une critique de sa gestion et une trahison.
« En entamant le grand ménage, Antoine Frérot a bousculé beaucoup de petits et grands intérêts. Veolia jusqu'alors était une addition de féodalités. Il n 'y a pas de directeur général dans le groupe. Antoine Frérot a considéré que cela ne pouvait pas continuer, que c'était trop dangereux et inadapté. Sa volonté de faire de Veolia un groupe intégré a déstabilisé les baronnies, qui craignent de voir leur pouvoir remis en cause », explique un connaisseur du dossier.
Une crainte que confirme un proche d'Henri Proglio : « Des membres de l'encadrement sont venus le voir pour lui demander de 1 'aide. Ils lui ont expliqué leur désarroi devant la nouvelle stratégie et lui ont demandé d'intervenir », raconte-t-il.
Zone de Texte: 2/5Parmi les reproches les plus vifs formulés contre Antoine Frérot, revient celui de ne plus être à l'écoute des maires et des élus. Celui-ci paraît avoir rompu avec les habitudes, prises depuis des lustres dans le groupe, de cultiver les relations avec le pouvoir politique, de se mettre en quatre pour répondre voire anticiper ses demandes, de tout savoir sur leur vie locale. Pendant longtemps, le groupe allait même jusqu'à réaliser ses propres sondages pour connaître les rapports de force politiques avant les élections, et prévoir les forces montantes. Sans compter tous les à-côtés que le groupe était prêt à offrir aux élus...
Cette coupure avec le monde politique, fonds de commerce du groupe, est mal vécue en interne. Pour nombre de responsables du groupe, si Veolia perd des contrats de concession, notamment dans l'eau en France, ce n'est pas en raison d'une lame de fond irréversible qui conduit les villes à repasser en régie publique, comme le demandent les électeurs, mais parce que le groupe, et d'abord son président, a perdu le contact avec le terrain, et n'a plus la « magie touch » avec les élus.
A plusieurs reprises, Henri Proglio a contesté cet éloignement du monde politique, lui qui en avait fait un de ses arguments de pouvoir et de longévité à la tête de Veolia. Ces derniers mois, les relations se sont nettement envenimées entre les deux dirigeants. D'abord, il y a le dossier Dalkia, filiale commune de gestion d'énergie d'EDF et de Veolia. Malgré des mois de discussions, les deux groupes n'ont jamais réussi à se mettre d'accord sur les moyens de faire évoluer leur participation et leur rôle. A défaut, EDF et Vcolia ont décidé d'en rester là et de ne rien changer.
« Danse du scalp »
Mais c'est sur le dossier de la branche transport que le divorce entre les deux hommes est prononcé. Dans l'esprit d'Henri Proglio, cette activité, qui est au coeur des préoccupations des collectivités locales, est
Zone de Texte: 3 Zone de Texte: Directeur de fa publication : Edny Plenel www.mediapartfr Zone de Texte: ME D 1APART.fr

 
essentielle au groupe : elle est une des portes d'entrée de Veolia auprès des élus. Même quand le groupe, en 2002-2003, était en quasi-faillite, il s'est toujours refusé à la lâcher. A son départ de Veolia, la question, de son point de vue, n'était même plus d'actualité.
Après avoir repris la SNCM, sur la demande insistante de la mairie de Marseille et de Dominique de Villepin alors à Matignon, il venait de parachever son rêve : une fusion entre la branche transports de Veolia et Transdev, la filiale transports de la Caisse des dépôts. Un des premiers groupes de transports publics au monde, fort de 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires et présent dans 28 pays, était en train de naître. Et c'est Veolia qui devait en avoir la conduite.
Mais, à peine nommé, Antoine Frérot commence déjà à bouger les lignes. Tout cela lui paraît trop lourd pour Veolia. Au lieu de détenir 60 % comme prévu, il propose à la Caisse des dépôts la parité à 50-50 dans le nouveau groupe afin d'exercer un contrôle commun, en attendant une éventuelle mise en Bourse de l'ensemble. Renoncer au pouvoir par rapport à une entité publique, c'est plus qu'une erreur, c'est une faute dans l'esprit des héritiers de la Générale des Eaux.
La situation se détériore complètement quand Antoine Frérot, acculé par les comptes, annonce en décembre un recentrage massif. Le groupe n'a pas les moyens de financer son activité de transport. La cession de cette participation est inscrite au programme. La Caisse des dépôts, qui n'a pas été prévenue, réagit avec colère en publiant sur-le-champ un communiqué annonçant son intention de rester l'actionnaire de référence de l'ensemble.
Le faux pas est considéré comme impardonnable par Henri Proglio et nombre de cadres du groupe : la Caisse des dépôts, actionnaire important, partenaire incontournable et financier si souvent généreux, est un allié avec lequel il n'est pas possible de se fâcher. Comble de la maladresse : le mandat de vente de la branche transports de Veolia est confié au banquier... Jean-Marie Messier ! Dans le groupe, où le dirigeant n'a laissé que des mauvais souvenirs, ce choix est pris comme une provocation.
Ce recentrage à marche forcée, ces cessions multiples se traduisent par d'importantes pertes et provisions. Après deux « profits warning », le cours de Bourse ne cesse de dévisser, perdant plus de 60 % en un an. Les actionnaires s'alarment et le conseil est divisé. D'un côté, certains administrateurs demandent une pause afin de restaurer la confiance et le cours de Bourse. La famille Dassault, toujours très attentive à son argent, n'est pas la dernière à s'inquiéter de la baisse de valeur des 5% qu'elle a pris dans Veolia. De l'autre, des administrateurs, préoccupés par la crise et l'endettement du groupe, réclament au contraire une accélération du recentrage et du nettoyage des comptes.
Zone de Texte: 3/5Début février, l'évidence s'impose : Veolia va afficher des pertes. De l'ordre de 400 millions d'euros, dit- on. Dès lors, la machine infernale s'enclenche. Tandis que des administrateurs se demandent si Antoine Frérot est l'homme de la situation, et a une carrure suffisante pour redresser le groupe, d'autres entament une « danse du scalp » autour du président de Veolia. Pour Henri Proglio et ses soutiens au conseil et dans le groupe, il est grand temps de débarquer Antoine Frérot. Le putsch doit avoir lieu le 29 février, au moment de l'annonce officielle du séisme des pertes, comme une juste sanction des erreurs de son président.
L'amicale de la GLNF
Selon un scénario qui ressemble étrangement à celui de la tentative d'éviction de Xavier Huillard par Antoine Zacharias, l'ancien président de Vinci en 2006, de discrets conciliabules commencent entre initiés. Les réseaux fonctionnent à plein. « C'est la reconstitution de la grande amicale de la Grande loge nationale de France (GNLF)», rigole un connaisseur du dossier.
On retrouve notamment l'inamovible Serge Michel. A 84 ans, celui-ci continue à être le grand ordonnateur du BTP, arbitre des pouvoirs aussi bien chez Vinci, Eiffage, que Veolia, ajoutant en plus quelques conseils dans des filiales du groupe pour arrondir par des jetons de présence les fins de mois. Jean Azéma, débarqué de la direction de Groupama il y a quelques mois mais toujours très influent, est associé, tout comme
Paul-Louis Girardot, fidèle gardien des mânes de la Générale des Eaux, depuis des années, le banquier Georges Ralli suivant aussi le dossier d'un oeil attentif.
C'est ce petit groupe, qui sait pouvoir bénéficier aussi du soutien au moment opportun de Paola Scaroni et Esther Koplowitz, très éloignés des batailles françaises mais amis fidèles d'Henri Proglio, qui est à la manoeuvre.
Débarquer Antoine Frérot, certes mais pour nommer qui à la place ? Très vite, le nom de Jean-Louis Borloo sort. « Imaginer que c 'est Nicolas Sarkozy qui a suggéré voire imposé son nom est un contresens. C'est ignorer la nouvelle réalité du pouvoir en France. C'est le pouvoir économique qui décide. Nicolas Sarkozy a été informé par Henri Proglio et sans doute Claude Guéant, parce que Veolia reste un groupe très politique. Mais il n'a rien exigé, même si la solution lui plaisait bien, au premier abord. Elle semblait résoudre un problème politique», explique un témoin, pas spécialement défenseur du chef de l'Etat.
Henri Proglio n'avait pas besoin, de toute façon, qu'on lui souffle le nom de Jean-Louis Borloo. Il y avait pensé tout seul. Il s'est installé entre les deux hommes, « mon frère » disent-ils en privé, une complicité et une entraide de plus en plus étroites au fil des ans. Ils se sont connus dans les années 1980, ont eu des connaissances communes, notamment le ferrailleur Coencas, client de l'avocat d'affaires Borloo, se sont rapprochés quand celui-ci est devenu maire de Valenciennes.
Mais c'est au cours des dernières années qu'ils sont devenus très proches. Le Grenelle de l'environnement fut un grand moment pour la défense des services publics « à la française » incarnés par Veolia et Suez. Tout au long de l'été 2009, comme Mediapart l'a raconté, Jean-Louis Borloo s'activa beaucoup pour obtenir la nomination d'Henri Proglio à la présidence d'EDF. Le ministre de l'environnement n'émit alors aucune objection quand Henri Proglio demanda de pouvoir cumuler les doubles fonctions de président d'EDF et de Veolia, sans relever combien ce cumul était moralement impossible, statutairement illégal.
En retour, Henri Proglio a beaucoup défendu Jean- Louis Borloo auprès de Nicolas Sarkozy. Avec Claude Guéant et en coulisses l'inénarrable Alexandre Djourhi, il a milité pour la nomination de Jean-Louis Borloo à Matignon pour remplacer François Fillon, à partir du printemps 2010. La campagne a fait long feu. François Fillon a été reconduit comme premier ministre à l'automne 2010 et Jean-Louis Borloo a quitté le gouvernement. Depuis l'ancien ministre de l'environnement, après quelques tentatives pour ressusciter le parti radical et se présenter à l'élection présidentielle, dit vouloir quitter la vie politique.
Zone de Texte: 4/5Lui proposer la présidence de Veolia a donc paru naturel à Henri Proglio : cela permettait à la fois de donner un avenir à un ami, tout en semblant apporter une solution au groupe. Jean-Louis Borloo ne connaît rien à la conduite d'une entreprise, encore moins d'un groupe de 300.000 personnes, avec d'importants problèmes financiers et de stratégie ? Qu'importe. Il saurait d'abord renouer les fils avec le monde politique français, qu'Antoine Frérot a dangereusement laissés se distendre, expliquent alors les partisans de sa nomination. Pour le reste, les différents dirigeants de branche et l'encadrement sauraient bien reprendre la stratégie interrompue.
Dossier gelé pendant la présidentielle
Mais il faut encore obtenir le soutien de l'ensemble du conseil, et des grands actionnaires et surtout le premier d'entre eux, la Caisse des dépôts. Si l'établissement public donne son accord, les autres suivront. « Henri Proglio a passé un accord avec Augustin de Romanet. Celui-ci est en l'air depuis qu'il sait qu'il ne sera pas reconduit à la direction générale de la CDC. En échange de son vote en faveur de la nomination de Jean-Louis Borloo, Henri Proglio lui a promis son aide pour le faire nommer à la présidence de la CNP, la filiale d'assurance de la Caisse, où il est administrateur », raconte un connaisseur du dossier.
La semaine dernière, Jean-Louis Borloo a poursuivi la campagne, en allant voir plusieurs administrateurs jusqu'à la rencontre avec Alain Minc, jusqu'alors exclu des conciliabules. Rencontre que l'ancien ministre estime lui avoir été fatale.

 
« Aujourd'hui, la tentative de putsch a totalement avorté. Il ne se passera rien le 29 février, ni plus tard. Tout est repoussé après l'élection présidentielle. Si Nicolas Sarkozy n'a rien tramé avant, en revanche, il a exigé maintenant que ce dossier soit refermé vite Jan. Il refuse d'avoir à traîner cette polémique pendant sa campagne », raconte un habitué des couloirs élyséens.
Veolia reste donc en état d'apesanteur. Le sort d'Antoine Frérot est en suspens, le conseil, inquiet, est divisé à son sujet. Sans attendre, Daniel Bouton

(ex-Société générale) et Louis Schweitzer (Renault), en mal d'honneurs et d'occupation, ont proposé leurs services : ils se verraient très bien président de Veolia, même de transition.
Le rapport de force étant incertain au sein des administrateurs, certains imaginent que le conseil, se neutralisant, opte pour une solution d'attente, comme celle adoptée un moment chez Accor : les grands institutionnels, au nom de la sauvegarde de la place de Paris et d'un grand groupe français, prenant la direction d'un conseil de surveillance, tandis qu'Antoine Frérot ou d'autres assureraient la gestion quotidienne. « Tout est confus. Les grands actionnaires n'ont pas encore parlé. A mon avis, il ne se passera rien de décisif avant septembre, le temps que le pouvoir politique s'installe », pronostique un observateur. La tradition est respectée : Veolia reste plus que jamais un groupe politique

 

Aucun commentaire: