lundi 6 février 2012

Propreté à Marseille : un rapport très CONFIT DANS (le) CIEL avant le meeting de FO.....

Le test du rapport propreté

Le premier test  de cette volonté de changement (ndlr cfdt mpm *: pensons plutôt à une alternative syndicale , tout le monde s'en portera mieux à Marseille .....) viendra bien vite. Le jeudi 16 février, les « Quatre mousquetaires de la propreté » rendront leur rapport à Eugène Caselli. Deux socialistes Patrick Mennucci et Sylvie Andrieux ainsi que les UMP Martine Vassal et Yves Moraine planchent depuis plusieurs mois sur la question, au cœur de la chasse gardée de Force ouvrière. En marge du procès sur le fini-parti, Patrick Rué leur a accordé un bon point : « ils se sont vraiment plongés dans le dossier. Ils ont labouré le terrain. Après, il y a les prises de position politiques de chacun mais, globalement, ils pourront parler en connaissance de cause. » Les auteurs annoncent à qui veut bien les écouter un texte explosif.
Si l’on se fie à la version de travail que nous avons pu consulter et aux différents échos, on est loin du brûlot annoncé, mais certains points, s’ils sont confirmés, risquent de susciter la polémique. Le rapport revient ainsi sur un des principes d’Eugène Caselli : un arrondissement, c’est soit 100 % privé, soit 100 % public. Le groupe avance en effet la possibilité de redéployer des cantonniers privés sur des zones dévolues au public, officialisant une pratique qui, selon nos informations, est déjà en cours.
Surtout, les Mousquetaires devraient, sans revenir sur le fini-parti, imposer des horaires plus étendus, de nuit, aux agents de maîtrise qui contrôlent le travail de leurs collègues. Deux points qui devraient largement faire tiquer « les gars de la propreté ». « Quoi qu’il sorte de ce rapport, ce sera à Eugène Caselli de décider de son sort », se décharge Martine Vassal. Au président de MPM et à Patrick Rué qui, s’il veut concrétiser son discours du « changement », devra réussir à faire accepter à ses troupes des concessions pour le « Marseille propre » qu’il réclame lui aussi.

Force ouvrière territoriaux : le changement c’est maintenant ?


Patrick Rué (à g.) et Elie-Claude Argy (au centre) lors de la visite à Marseille de Jean-Claude Mailly en septembre dernier.
Il faut savoir changer pour durer. La devise prêtée à Raul Castro – frère et successeur de Fidel – risque de résonner fortement à Marseille cette semaine. Surtout jeudi lorsque se lancera le congrès des Territoriaux Force ouvrière. Depuis l’automne, l’affaire est entendue : Elie-Claude Argy doit céder la place de secrétaire général du syndicat majoritaire à la mairie et la communauté urbaine de Marseille à son numéro 2, Patrick Rué. Officiellement, Elie-Caude Argy est appelé à des fonctions de secrétaire national aux élections professionnelles. Officieusement, un beau placard pour celui qui conserve (pour le moment ?) les directions du Dôme et du palais des sports. Le tout sous le regard attendri de Jean-Claude Gaudin, Eugène Caselli et quelques autres qui viendront discourir tour à tour face aux militants.
Gaudin : « Des gens courageux »
Sans doute le maire de Marseille ressortira-t-il son refrain préféré qu’il a encore répété lors de sa tournée de vœux, notamment face aux habitants du 4/5 pour la cérémonie organisée par Bruno Gilles, le sénateur-maire UMP du secteur. « Dans le passé, le parti communiste voulait s’accaparer les syndicats. Il y a eu des gens courageux, notamment à Force ouvrière, a-t-il lancé le regard rivé vers le premier rang où s’étaient postés Patrick Rué et sa garde rapprochée. Ils n’ont pas accepté que la vie syndicale soit couverte par un parti politique. C’est pour ça que nous les apprécions. » Une amitié fondée après des années de complicité sur fond de vagues de recrutement négociés ensemble et de campagnes communes.
Le nouveau patron de Force ouvrière cultive les amitiés tant à droite avec Bruno Gilles qu’à gauche avec les socialistes Sylvie Andrieux et Michel Pezet auquel il est durablement lié. En 2004, FO Territoriaux avait filé un coup de main à Michel Vauzelle, en 2008 à l’équipe Gaudin. Pourtant aujourd’hui, après avoir couru « tous les voeux des maires de secteur », Patrick Rué estime que son organisation est allée « trop loin dans sa relation avec le politique. Nous devons nous cantonner à un rôle de syndicalistes. »
Argy « un peu mégalo »
Le regard se tourne vite vers Elie-Claude Argy. Pour s’installer au mieux, Patrick Rué doit tuer le père. Et il s’y emploie. Il a su le lâcher au moment où, dans ses propres rangs, les affaires du patron commençaient à faire tiquer. L’homme à la moustache serait « un peu mégalo » et aurait « une volonté hégémonique qu’on nous reprochait dans nos propres rangs ». Aujourd’hui, « les territoriaux doivent s’occuper des territoriaux et plus, comme avant, des hospitaliers ou de l’UD (l’union départementale d’où Argy aurait bien aimé déloger Gérard Dossetto, ndlr)« , ajoute le nouveau numéro 1 que nous avons longuement rencontré.
Numéro 1 mais pas vice-roi, assure Rué qui veut « rester à sa place » et rejette donc le sobriquet. Argy aussi à sa façon, jure-t-il. « Argy, vous lui dites vice-roi, il aime pas, il devient fou. Pour lui, il est pas vice-roi, il est le roi. Il y a Gaudin, Caselli et lui, sur une même ligne », lance-t-il en traçant un long trait imaginaire du revers de la main. Et quand un roi veut discuter, il ne patiente pas dans une quelconque salle d’attente. Il entre dans le bureau pour une discussion, musclée s’il le faut.
« Peut-être que Claude Argy est un peu plus impulsif », estime dans un joli euphémisme Michel Riccio des cadres territoriaux FO, qui connaît bien les deux hommes. Argy pratique l’exclusive médiatique - « je ne réponds pas aux torchons », a-t-il lancé le mois dernier à un reporter de Marsactu - comme syndicale en refusant de saluer – et ce depuis des années – les autres responsables syndicaux à la communauté urbaine ou à la ville. Rué, lui, joue l’ouverture, charme (du moins essaie). « Il est un peu plus tacticien mais sur le fond, ça reste un bébé Argy », juge Christophe Lorenzi, premier adjoint de Patrick Mennucci à la mairie du 1/7.
Le socialiste est clair. Pour lui, ce n’est rien de plus « qu’une révolution de palais ». Dans le microcosme politico-syndical marseillais, certains veulent pourtant croire au message de « changement » distillé par le nouveau que d’aucuns jugent « plus malléable ». Côté politique, Bruno Gilles, le maire du 4/5 reprend quasiment mot pour mot le discours de normalisation de Rué sans nier « le poids de la tradition ». Le bras droit de Renaud Muselier est bien placé pour parler des us et coutumes locaux. En 2008, après les déclarations de Guérini pour l’abolition du fini-parti, il avait reçu le soutien du syndicat pour la campagne dans un secteur qui s’est avéré décisif.
« Si on arrête, il faut que tout le monde arrête »
Bruno Gilles entretient depuis des années « des relations d’amitié avec Patrick ». Toutes les semaines, c’est ensemble que les deux compères animent les réunions du comité d’action sociale, là où chacun peut pousser ses dossiers sur le haut de la pile. Un clientélisme qui dit son nom, chez l’un comme l’autre. « Certains me présentent comme le plus grand clientéliste de Marseille. Mais ici, quand on se tourne vers les élus, 90 % du temps, c’est pour demander un service. C’est pour une place en crèche, une dérogation à la carte scolaire, un triplement de la première année de médecine, une date avancée pour un scanner… », narre Gillles, aussi patron de l’AP-HM. « Est-ce le rôle d’un élu de rendre en cas de besoin un service, feint-il de questionner. En tout cas, si on arrête, il faut que tout le monde arrête. »
Signe d’un sentiment d’impunité, Patrick Rué admet aussi rendre des services. On l’a ainsi vu cité dans l’affaire Guérini concernant l’attribution de logements à l’offiche HLM 13 Habitat. Dans une écoute dévoilée par Bakchich, on y découvre Alexandre Guérini demander à une secrétaire de contacter « Ruet » ( sic) pour savoir s’il veut se voir attribuer des logements.
Interrogé, « Ruet » ne voit pas le problème. « Qui est au conseil d’administration pour autre chose que pour faire passer les dossiers ? Comment vous voulez faire quand pour 100 appartements, il y a 1000 dossiers ? Je fais avancer les dossiers comme n’importe quel élu politique ». On vous laisse apprécier ce dernier lapsus. Et la justice (sociale) dans tout ça pour celui qui se présente comme « un homme de gauche » ? Gêne de l’intéressé, qui répète : « Que voulez-vous ? 1000 dossiers, 100 logements : comment on fait ? »
La source d’emplois se tarit
Visiblement, pour Rué, on fait comme d’habitude : on fait profiter les copains. Mais les occasions ont tendance à diminuer, surtout pour le recrutement. La crise touche aussi les collectivités locales. Pour entrer, les concours se généralisent et les embauches de personnels peu qualifiés (catégorie C où l’influence FO est la plus grande) ne sont plus légion. Ainsi, le plus gros recrutement collectif récent, celui de 100 policiers municipaux, a fait l’objet d’une sélection sur concours, ce que n’ont pas manqué de souligner les élus en charge du dossier. Dans ce domaine, Patrick Rué lance même : « Pendant des années, Bruno Gilles (qui s’était auto-proclamé en 2001 comme celui chargé de gérer les emplois dévolus au RPR, ndlr) nous a bien servi. Maintenant, c’est plus le cas. Il nous dit : « j’en ai même plus assez pour moi » (une phrase que B. Gilles dément, ndlr)« 
Ce tarissement de la source pourrait-il conduire à une normalisation du recrutement et par extension des relations politico-syndicales ? Ce serait aller bien vite en besogne que de le conclure. Mais, même chez les politiques les plus proches de Force ouvrière, souvent « en off », peu souvent en « in », on opine du chef. La députée du 13/14 Sylvie Andrieux a des attaches familiales avec Force ouvrière. Longtemps, c’est son père Antoine qui, à la mairie sous Defferre, a servi de courroie de transmission entre la place Léon Jouhaux et la place Bargemon. « Je suis pour la pluralité syndicale. Il y a trop de pouvoir en tout. Ce n’est pas parce qu’on est majoritaire qu’on doit être hégémonique », estime-t-elle pourtant. Même si son agenda comprend un passage jeudi au congrès…
« L’occasion ou jamais »
Peut-être influencé par le caractère peu FO-compatible de son champion, Bruno Gilles estime que « les deux pages peuvent se tourner ensemble en 2014″, comprendre la page Gaudin et la page FO. Toutefois, dès la fin du congrès, Bruno Gilles entend bien prendre langue avec le syndicat pour parler de ces futures élections. Contradiction, quand tu nous tiens…
Reste que la génération des quinquas qui entend s’installer dans le fauteuil de maire pourra difficilement faire l’impasse sur la question. « Depuis deux/trois ans, les médias font leur boulot, témoigne Roger Aymard le leader de la SDU-FSU à MPM,  principal animateur de l’intersyndicale honnie par Argy. Ils ne les lâchent plus. C’est l’occasion ou jamais que ça change. »

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