jeudi 8 septembre 2011

Edmond Maire: «Pourquoi je voterai pour Martine Aubry»




Mme Aubry, pilote à la barre de notre pays, c'est le choix que je souhaite pour la société française, au bénéfice de l'intérêt général et d'abord des populations les plus modestes, d'une ambition industrielle renouvelée et de la création d'emplois. Elle en a l'envergure.
Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT, a publié dans le Monde un texte expliquant son soutien à la candidature de Martine Aubry. "Edmond Maire, pour lequel j'ai admiration et affection, a été pour beaucoup dans mon engagement. Je suis profondément touchée par son soutien", a-t-elle déclaré.
Pourquoi je voterai pour Martine Aubry
par Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT (1971-1988)
Depuis quarante ans, la France n'a plus ni boussole fiable ni pilote susceptible d'impulser une politique à long terme. La gouvernance de notre pays a été ébranlée par Mai-68 puis déstabilisée par l'accélération des échanges économiques et financiers intra-européens et, dans la foulée, par le développement de la mondialisation. L'échéance présidentielle de 2012 permettra-t-elle d'enclencher un nouveau cours ? Je le pense. Elle peut être l'occasion du renouveau : d'une vie politique fondée sur la citoyenneté, celle qu'incarnait Pierre Mendès France ; d'une nouvelle ambition économique européenne, fidèle à l'héritage de Jean Monnet, liée à un projet politique visant à surmonter le déficit démocratique de l'actuelle construction de l'Union européenne ; d'une politique sociale s'attaquant aux inégalités les plus criantes, indignes d'une République conçue pour réaliser l'égalité des droits, à commencer par ceux des catégories sociales discriminées et des populations d'origine étrangère.
Ni en 2002 ni en 2007 je n'ai pris position, aucun des candidats à ces deux élections présidentielles ne m'apparaissant avoir la volonté et la solidité susceptibles d'incarner un tel renouveau. Aucun apolitisme dans cette abstention médiatique. Je me sentais concerné et impliqué, j'ai voté, mais je ne voulais pas appeler d'autres à soutenir le choix par défaut qui fut le mien.
Mais pour l'élection de 2012, il en va autrement. En militant de la société civile et de l'intérêt général, fidèle à mes convictions citoyennes, j'exprime le choix que me semble appeler l'avenir de notre pays, celui de Martine Aubry. Et ce, pour une raison majeure : l'élection à la présidence de la République appelle, selon moi, en urgence une personnalité ayant l'énergie et la force de faire face aux conservatismes des privilégiés, aux corporatismes contraires à l'intérêt général et aux ambitions partisanes de tous bords. Je crois Martine Aubry en capacité d'incarner ce nouveau cours, y compris dans la nécessaire dimension européenne de l'action à mener.
Certains ont sans doute gardé en mémoire les controverses qui ont pu opposer un moment l'ancien responsable syndical et la ministre de l'emploi et de la solidarité, par exemple à l'occasion de la seconde loi sur les 35 heures. Ils s'étonneront peut-être de ce choix. Ce fut un désaccord sur la méthode, non sur le fond. Je fus le premier, comme président de Villages vacances familles après mon départ du secrétariat général de la CFDT, à mettre en place, par la négociation, les 35 heures pour plusieurs milliers de salariés. Et si l'on devait mettre sur liste noire tous les ministres qui ont eu maille à partir, à un moment donné, avec des syndicalistes, qui y échapperait ? D'autant qu'en démocratie tout progrès social résulte du dépassement de tensions, de conflits.
Au-delà, ce qui importe d'abord pour un candidat à des responsabilités politiques de premier plan ne tient pas seulement à son programme, même s'il s'agit d'un repère important, ou au projet global qu'il annonce. Il tient à ses qualités intrinsèques, ses valeurs, sa morale de l'action publique, et les "fondamentaux" qui ont jalonné son parcours professionnel et politique.
Et là, je n'ai aucune hésitation. D'abord parce que Martine Aubry a le social chevillé au corps. Choisir à la sortie de l'ENA une affectation au ministère du travail et des affaires sociales plutôt qu'au sein des administrations les plus valorisées, Bercy par exemple, en est un premier signe. Plus tard, créer la Fondation contre l'exclusion, alors que cette action n'était en rien un tremplin pour un parcours politique, était également révélateur d'un engagement personnel.
Ses actes politiques sont tout aussi éloquents : rédaction des lois Auroux élargissant les droits des salariés dans les entreprises, lancement des emplois-jeunes, de la couverture maladie universelle, de l'aide personnalisée à l'autonomie et, dans le même esprit, développement des aides à domicile.
Bref, toute sa vie publique manifeste une prise en compte permanente des catégories sociales les plus modestes, de la situation des quelque six millions d'ouvriers, des travailleurs à statut précaire, des millions des salariées d'exécution, par exemple les femmes à temps partiel contraint de la grande distribution.
A une époque où la vie politique ne tourne ses regards que vers les classes moyennes parce qu'elles sont censées être décisives dans les élections, Martine Aubry apparaît comme une exception. Certes, elle considère que l'action pour réduire la paupérisation des classes moyennes est un enjeu politique important. Mais pour elle le mouvement ouvrier garde un sens, au moins symbolique. La domination et l'exploitation continuent à se traduire dans les conditions de travail et de vie de la moitié de nos concitoyens, ceux qui se sentent ignorés, voire méprisés par les grands décideurs. Et les perspectives tracées par l'économie sociale et solidaire, mes propres engagements les plus récents, lui apparaissent une réponse motivante face aux dégâts engendrés par le capitalisme financier.
L'identité de Martine Aubry s'exprime également dans ses capacités gestionnaires. Pour elle, la rigueur est une qualité indispensable à tout décideur. Elle réalisa l'exploit dans ses fonctions ministérielles de rétablir l'équilibre de la Sécurité sociale ! Elle lança le projet de réorganisation de l'énorme conglomérat de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Elle fut un temps, lors d'un passage dans le secteur privé, l'adjointe de Jean Gandois à la tête de Pechiney. Devenue maire de Lille, elle gère sa ville avec rigueur et générosité dans la réussite des projets de l'année où Lille fut la capitale européenne de la culture.
Les fondements sociaux, culturels et économiques que Martine Aubry a traduits dans sa vie, son courage face aux groupes de pression, sa fiabilité, son autorité, même si elle a parfois heurté tel ou tel de ses interlocuteurs, emportent ma conviction et me font le devoir de l'exprimer publiquement. Mme Aubry, pilote à la barre de notre pays, c'est le choix que je souhaite pour la société française, au bénéfice de l'intérêt général et d'abord des populations les plus modestes, d'une ambition industrielle renouvelée et de la création d'emplois. Elle en a l'envergure.

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