L'eau fait débat, la régie publique (devrait)reprend(re) vigueur
L'eau potable est devenue un enjeu majeur. De quoi provoquer de grands écarts du prix.
L'eau potable est devenue un enjeu majeur. De quoi provoquer de grands écarts du prix.
Tandis que Saint-Malo et Brest-Métropole reviennent
à une gestion publique, Guingamp y pense.
Enquête
'Une
moyenne à la louche
En moyenne, les Français payent leur eau
357 €/an (en y incluant taxes diverses et
assainissement). C'est 57 % de plus
en quinze ans, à raison d'une hausse
de 3,3 % par an. De quoi pousser plusieurs syndicats et associations à
réclamer que soit, enfin, instaurée « une tarification sociale comme pour l'électricité, à
l'intention des ménages les plus fragiles.
Mais ce n'est qu'une moyenne, masquant de sérieux grands écarts. Ainsi
les Bretons payent parfois leur eau beaucoup plus cher qu'ailleurs : 2,89 €/m3
à Paris contre 7,50 € à Pont-l'Abbé...
15,7 %
de taxes
La facture reste très globale,
préservant ainsi le maquis embroussaillé
qui entoure le prix français de l'eau. Globalement, la façture se di- .vise entre 44,5 % pour la distribution, 39,8 % pour l'assainissement et 15,7
% pour diverses taxes et redevances. Avec, là aussi, de grands écarts. Souvent
justifiés : l'eau peut être plus ou moins chère à capter, traiter, acheminer,
de lourds investissements (dont l'assainissement) peuvent être réalisés ou
envisagés, etc. Quant aux recettes, « elles vont à 41 % aux collectivités,
à 40 % aux opérateurs privés et à
19 % pour
Il avait déjà beaucoup fait parler de lui,
voilà un an tout juste, lorsqu'il a quitté les bancs de l'UMP à l'Assemblée nationale... Rebelote un an plus
tard. Décidément très libre, René Couanau a décidé que sa ville se séparait de Véolia pour revenir, en avril, à
une régie municipale de l'eau.
Je suis un homme très pragmatique », explique-t-il. Deux
éléments ont pesé dans sa décision. D'abord
l'incroyable enchevêtrement » des délégations de l'eau
dans le nord de l'Ille-et-Vilaine. « Tout est emmêlé... J'ai voulu stopper ce
processus de dominos qui nous empêchait de renégocier. » Bien vu. Car, dès
qu'il a annoncé son intention de changer
de délégataire, « aussitôt, on m'a proposé
une baisse des tarifs de 20 % ! >, CQFD.
Et puis, il y avait aussi sa « convie‑
. tion personnelle ». René Coua‑
nau assure « ne pas avoir d'idéo‑
logie ». Loin d'être devenu un gau‑
chiste même s'il a pris ses distances
avec l'UMP, il constate ainsi que les
. tion personnelle ». René Coua‑
nau assure « ne pas avoir d'idéo‑
logie ». Loin d'être devenu un gau‑
chiste même s'il a pris ses distances
avec l'UMP, il constate ainsi que les
l'Etat et les Agences de l'Eau », précise
Pierre Morin, directeur de la communication de Véolia (source BIPE/FP2E mars
2010).
Observatoire dans les Côtes
Au
fait, à part les syndicats et associations de consommateurs, qui surveille ces prix de l'eau ? Pas l'Agence de
l'eau Loire-Bretagne, à laquelle chaque foyer breton verse une redevance (qui assure à 85 % son budget).
Ni le Commissariat général au
développement durable: il renvoie vers son ministère de l'Environnement...
qui n'en sait pas plus.
transports « c'est très
compliqué... Franchement, c'est mieux de faire appel au privé. » Pour l'eau, en
revanche. « rien de mieux que le service public ! » Ajoutant qu'il n'aurait jamais dit ça « voilà 15 ou 20 ans. J'ai
évolué avec l'expérience... »
D'une incroyable complication !
D'ailleurs,
de l'expérience, il lui en a fallu pour passer du privé au public. Car si rentrer dans une délégation de
service public « c'est simple comme bonjour
», à l'inverse pour en sortir « c'est d'une incroyable complication ! Je pourrais écrire un bouquin
là-dessus... » Les administrations (telles
que la chambre régionale des comptes) sont, en effet, extrêmement efficaces « pour aider les
communes à se prémunir contre le privé ». Mais, dans l'autre sens, « elles
restent très démunies pour nous conseiller
dans l'élaboration d'un service
public. C'est quand même un comble ! » Alors,
Localement,
c'est - heureusement - beaucoup mieux
suivi. Le conseil général du
Finistère a ainsi mis en place un
schéma départemental. Celui des Côtes-d'Armor s'est carrément doté d'un
Observatoire. Le Morbihan, lui, a mis en
place, début 2012, un syndicat qui contrôle la production d'eau de 238
communes et la distribution pour 119 communes. Enfin, le SMG 35, pour
l'Ille-et-Vilaine (48 collectivités sur 51)
ne diffuse pas de chiffres.
Déficit de transparence
Pourquoi
un tel » manque chronique de transparence », comme l'accuse
René Couanau, maire de Saint-Malo :
« Vive le service public!"
René Couanau a dû longuement se
bagarrer pour bâtir sa régie municipale. Notamment pour obtenir que l'ancien
délégataire privé lui « transfère
les données des abonnés ». Il a fallu
reprendre tout le personnel, etc-. Le
tout, assure-t-il, est « vraiment un exploit ».
Bruxelles
? Pourquoi un tel « déficit de concurrence », comme le pointe la Cour des comptes (rapport de janvier
2011) ? Daniel Bideau (Que Choisir), qui vient de démissionner avec fracas de
l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, a son explication :
Le prix de
l'eau reste à un niveau élevé sans ajustement à la baisse. La Cour des comptes et les autorités
européennes ont constaté des écarts injustifiés entre consommateurs,
industriels et, surtout, agriculteurs... »
Saint-Malo, Brest, Guingamp
Ce qui peut amener, ici ou là, certaines collectivités à revoir leurs
contrats d'affermage avec les trois grands
groupes privés qui contrôlent 70 %
du marché de l'eau potable (en Bretagne, Véolia et Saur s'adjugent la quasi-totalité
de ce marché, quand Suez-Lyonnaise des eaux
n'en détient que 10 %). Voire à
franchir le pas et retourner vers le service public. Comme à Brest, ou
Eau du Ponant, société publique locale, a
repris, en avril, la gestion à Véolia. À Saint-Malo, le maire René
Couanau a de même décidé, en avril, de quitter
Véolia pour revenir à une gestion directe par sa Ville. Ou encore Guingamp,
qui l'envisage à son tour. Le retour au service public va-t-il faire école
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