mercredi 22 juillet 2009

EDF:Le bal des hypocrites

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Le bal des hypocrites



Les uns derrière les autres, les premiers responsables politiques du pays, s’offusquent de la demande d’augmentation du prix de l’électricité faite par le président du groupe EDF. Les voilà affublés en défenseurs des familles déjà confrontées à des situations financières difficiles, accusant EDF d’avoir commis « des erreurs d’investissement » que les français n’auraient pas à payer.
Vouloir faire croire qu’EDF a décidé, sans que l’état ne donne son accord, de l’achat de British Energy et Constellation,


c’est prendre les gens pour des « niais »

« Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage »
"qui bon chien veut tuer, la raige li met seure". (expression du XIIIe siècle)



Les grandes décisions prises, sont contrôlées, et autorisées par l’état (principal actionnaire à plus de 80%) qui est présent en force au conseil d’administration.
En posant EDF comme coupable, l’état veut tenter, face à des mesures impopulaires mais incontournables pour que la manne financière du nucléaire puisse ruisseler vers le privé, d’apparaître blanc comme neige tout en discréditant la gestion d’une entreprise publique dont il conviendrait alors d’achever la privatisation.
En affaiblissant ainsi l’entreprise, l’état ouvre la porte à « l’inéluctable libéralisation des prix de l’électricité », à l’accélération du processus de privatisation, et à la suppression des derniers droits des agents, qui seront mis en pâtures à la « vox populi »

Ce processus de destruction d’EDF par les forces du marché, soutenu par « les mains invisibles des intégristes libéraux », fut mis en œuvre d’une manière active, à partir de l’arrivée de Monsieur Roussely. Ses campagnes à l’étranger, et le changement de statut de l’entreprise, en furent les éléments phares. Des sommes considérables furent englouties en Amérique du sud, en Italie, en Allemagne etc…ce qui prépara EDF à la deuxième étape de sa transformation conduite par Monsieur GADONNEIX.
A son arrivée, celui ci réorienta la stratégie internationale, et développa une politique de réduction de la dette, d’augmentation du capital, thésaurisant, non pas pour améliorer la qualité du service, ni préparer l’avenir, mais pour attendre son heure, tout en continuant la dislocation interne de l’entreprise : filialisation du RTE, de la DEGS, séparation avec GDF etc.. Dans cette stratégie les réseaux pouvaient bien s’effondrer au moindre coup de vent ou flocon de neige l’important était ailleurs.
Son heure sonna enfin l’année dernière. Au plus mauvais moment, en pleine crise financière, il achetait British Energie, en surenchérissant sur lui-même pour être sur de payer le plus cher possible une entreprise vieillissante, à l’appareil de production obsolète. Quelques mois plus tard il achetait le double de sa valeur boursière Constellation …….
En quelques mois plus de vingt milliards d’Euros furent engloutis dont une grande partie empruntée, à un moment ou les taux, par l’effet de la crise financière, étaient les plus élevés.


Tout cela sans l’accord de l’état veut on nous faire croire !!!!!


Non la direction d’EDF ne se compose pas d’incompétents, faisant des achats inconsidérés parce qu’ils seraient nuls. D’ailleurs les salaires exorbitants que ces hommes s’attribuent sont justifiés, dans les sphères patronales et gouvernementales, comme étant la juste rémunération de talents rarissimes. Les importantes augmentations du président d’EDF et de sa garde rapprochée ces dernières années, sous l’œil attendri du conseil d’administration (dont l’état), ne montrent-elles pas le talent de ces hommes ? La seule véritable interrogation se situe sur la finalité du talent. Si celle ci consiste à la destruction d’une entreprise comme EDF, oui ces hommes là ont du talent.
EDF est maintenant financièrement fragilisée, l’estocade va ainsi pouvoir être donnée…. il va falloir payer la note.
Cette dette va maintenant tout justifier, aussi bien l’augmentation des factures pour l’usager et la suppression du tarif régulé, que de nouvelles augmentations de capital, ainsi qu’une pression encore plus grande sur le corps social, déjà bien mis à mal, et qui va t être une nouvelle fois jeté en pâture au public.

Cette destruction d’un patrimoine collectif relève d’une politique.
L’intégrisme libéral qui impose sa dictature, ne peut concevoir l’existence d’une entreprise publique qui fonctionne bien et dont la finalité est celle d’un service public Pour cet intégrisme, seul le privé peut être efficace et la finalité ne peut être que la rentabilité financière à court terme.
Au-delà d’EDF, c’est un processus de transformation de la société qui est engagé depuis plusieurs années au nom du libéralisme et qui passe par la destruction de la sphère publique, par la privatisation, et par la remise en cause des solidarités, en particulier celles qui relèvent du droit à travers la protection sociale (retraite, Sécu, etc.). Pour ce système toute l’activité humaine n’est que marchandise dont la finalité est la rentabilité financière

La dette est un élément central pour la mise en oeuvre de la transformation .Nous allons le vivre à EDF comme nous allons le vivre, avec la dette de la crise dans les autres secteurs de nos vies.

Nous voilà maintenant dans la tourmente. Deux aveuglements se sont conjugués dans notre entreprise pour nous y plonger :
d’un côté l’aveuglement idéologique libéral,
de l’autre l’aveuglement d’une grande partie du corps social d’EDF, qui à tous les niveaux, et jusqu’à une date récente, avait confiance en la direction, et ne pouvait intellectuellement appréhender la mise en œuvre d’un tel processus de destruction.
De l’état qui prend les décisions, à la direction d’EDF qui applique, les responsabilités sont partagées et ceux qui dirigent devraient rendre des comptes pour dilapidation d’un patrimoine public.
Quant aux représentants du personnel,
au conseil d’administration d’EDF qui ont limité leur action à une abstention sur un dossier d’achat comme British Energy
et au CCE (comité central d’établissement), ils furent inexistants sur des dossiers aussi importants,
ils offrirent ainsi, par leur coupable silence, un boulevard à cette politique destructrice.
Aujourd’hui, le débat autour du départ ou non de Monsieur Gadonneix, son désamour par la présidence de la république, relève d’une approche du type « star academy » d’une « nullité majeure », un simple « amusement de cour ».
Monsieur Gadonneix partira bien un jour avec de nouvelles médailles et une grosse pension car ce système est immoral. Il aura réussi son passage en achevant une des plus grandes entreprises d’électricité EDF qui avait un grand défaut, être une entreprise publique. Il aura fallu cinquante ans à des générations de salariés pour la construire et cinq ans à une poignée d’intégristes pour la détruire.
Certains directeurs, aujourd’hui à EDF, seront directeurs demain dans un autre groupe, sans passage par la case « chômeur » car c’est un système de « copinage mafieux ».
Dans quelques temps un nouveau patron sera nommé (vraisemblablement copain du fouquet’s)pour venir faire le nettoyage final : libérer enfin les prix de l’électricité, achever ce qu’il reste du statut des agents, et un jour même, supprimer l’acronyme EDF en rayant de la mémoire l’histoire d’une telle entreprise.
A nous de faire en sorte que le dernier chapitre ne se conjugue pas, par la destruction finale d’EDF. Nous sommes acteurs de ce devenir ne le laissons pas entre les mains des intégristes libéraux.
GALLOIS

Guaino : les Français ne doivent pas payer des erreurs d'investissement d'EDF Le conseiller spécial de l'Elysée Henri Guaino a estimé lundi qu'il serait "anormal" que les Français payent "des erreurs d'investissement" d'EDF à l'étranger, alors que le groupe d'électricité souhaite une hausse de 20% des tarifs d'électricité sur trois ans.
"Ce n'est pas EDF toute seule qui décide des hausses de tarifs, et s'il est nécessaire que les tarifs reflètent les coûts de production, il serait anormal de faire payer au consommateur français des erreurs d'investissement à l'étranger", affirme M. Guaino dans un entretien au Parisien.
EDF a racheté en septembre l'opérateur nucléaire British Energy (BE), pour 13,5 milliards d'euros, la plus grosse acquisition de son histoire.
Il a aussi déboursé 4,5 milliards de dollars (environ 3,2 milliards d'euros) pour acquérir la moitié des activités nucléaires de l'américain Constellation.
En 2008, l'endettement du groupe a explosé de 50% à 24,5 milliards d'euros.
"Pour cesser de nous endetter, il faudrait une hausse de 20% des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un peu plus", avait déclare Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, la semaine dernière, dans un entretien à Paris Match.

Reuters le 18/07/2009 à 10:19
Le P-DG d'EDF en position délicate après ses propos sur les prix :
PARIS (Reuters) - En évoquant une hausse des tarifs de l'électricité en France de 20% sur trois ans ou plus, le P-DG d'EDF, Pierre Gadonneix, a déclenché une tempête politico-médiatique qui l'a mis dans une position délicate vis-à-vis des pouvoirs publics.
Ses déclarations interviennent dans un contexte de crise qui les rendent politiquement très délicates et alimentent les spéculations sur son avenir à la tête du groupe, son mandat arrivant à échéance à l'automne.
Sur la forme, le gouvernement n'a guère apprécié que Pierre Gadonneix évoque une hausse tarifaire sans le consulter auparavant. D'autant que, si EDF a été introduit en Bourse en 2005, l'Etat détient encore près de 85% de son capital et garde le pouvoir de fixer le prix de l'électricité.
"Quand on veut les étoiles, on demande la lune", a commenté la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, peu après la publication des propos de Pierre Gadonneix.
Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on estime que les déclarations du P-DG d'EDF pourraient s'avérer contre-productives : "En interpellant les pouvoirs publics comme il le fait, il dessert sa cause. En faisant de l'augmentation de 20% qu'il demande une affaire d'opinion, ça n'incite pas les pouvoirs publics à aller dans son sens."
Le P-DG d'EDF a ensuite voulu atténuer ses propos en estimant qu'ils avaient été sortis de leur contexte, mais le gouvernement ne semble pas pour autant disposé à satisfaire sa demande de hausse, qui atteindrait 7% environ par an en moyenne si elle était étalée sur trois ans.
"L'augmentation qu'il aura sera très très loin de ça en rythme annuel. Ça sera très très loin de ce qu'il souhaite", selon un conseiller du chef de l'Etat.
"ERREURS D'INVESTISSEMENT"
Sur le fond, l'argumentaire du P-DG de l'électricien public semble pourtant solide : il fait valoir que le prix de l'électricité en France est resté stable depuis 20 ans pour les ménages alors que le budget consacré à l'eau et au téléphone a bondi et souligne que les tarifs français restent inférieurs d'environ 30% à la moyenne européenne.
Surtout, Pierre Gadonneix rappelle qu'EDF doit investir massivement en France, notamment pour prolonger la durée de vie de ses 58 réacteurs nucléaires.
Si les projets du groupe dans l'Hexagone ne sont pas contestés, sa stratégie à l'international est loin de faire l'unanimité, notamment le coût de l'acquisition de British Energy et le projet de rachat de la moitié des actifs nucléaires de l'américain Constellation, pour un montant total d'environ 17 milliards d'euros.
"Les seuls points qui font l'objet d'une contestation ce sont les investissements à l'étranger. Est-ce qu'il fallait investir à ce niveau de prix au Royaume-Uni ? Est-ce qu'il fallait aller aux Etats-Unis ?", déclare-t-on à l'Elysée, tout en soulignant que l'Etat, représenté au conseil d'EDF, ne s'est pas opposé à ces investissements.
Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, évoquait pour sa part des "erreurs d'investissement à l'étranger" lors d'un entretien au Parisien publié le 13 juillet, sans préciser si ces erreurs avaient été commises par Pierre Gadonneix ou son prédécesseur, François Roussely.
UNE DETTE À 43 MILLIARDS À FIN 2009
Pierre Gadonneix a pour sa part souligné lors d'un entretien à Reuters que les investissements très lourds d'EDF à l'étranger ne posaient pas les mêmes problème qu'en France dans la mesure où ils étaient couverts par ses revenus internationaux.
"A l'international, la dette est entièrement couverte par des recettes. Le problème, c'est l'augmentation de l'investissement en France, qui est essentiellement de l'investissement de maintenance", a-t-il dit.
L'avenir de Pierre Gadonneix à la tête d'EDF est-il menacé ? Les observateurs soulignent en tout cas le côté incongru et inhabituel de ses propos sur les tarifs, qui tranchent singulièrement avec la prudence dont il a fait preuve depuis sa nomination à la tête de la société, en 2004.
Selon un bon connaisseur de la société, Pierre Gadonneix pourrait avoir été informé que sa place était menacée et préparerait ainsi sa sortie de scène. Une source proche du gouvernement a cependant déclaré il y a peu à Reuters que des informations selon lesquelles l'Elysée aurait décidé de le remplacer n'étaient pas fondées.
EDF, qui prévoit d'investir 7,5 milliards d'euros en France en 2009, soit 2,5 milliards de plus qu'en 2008, vient par ailleurs de récolter environ 3,2 milliards à travers un emprunt réservé aux particuliers.
L'endettement du groupe, qu'il cherche à réduire à travers un programme de cessions, s'élevait à 24,5 milliards d'euros à fin 2008 contre 16,3 milliards fin 2007. Selon le consensus Reuters Estimates, il atteindra près de 43 milliards à fin 2009.
Edité par Jean-Michel Bélot
Médiapart, 9 Juillet 2009 Par Martine Orange
Après France Telecom en 2002, va-t-on assister à un scandale EDF dans les mois qui viennent ? C'est le scénario noir qui semble agiter le gouvernement depuis quelque temps. De plus en plus alarmé sur la situation qui prévaut dans l'entreprise publique, Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, a pris le dossier en main. Il a demandé une analyse approfondie sur l'état de l'entreprise. Les premiers résultats vont ressortir un constat accablant : en l'état actuel, même si EDF parvient à réaliser, comme il l'a prévu, un programme de cession d'actifs de 5 milliards d'euros, l'endettement du groupe public doublera d'ici à la fin de l'année, passant de 24,5 à 50 milliards d'euros. Un chiffre inavouable et insupportable, même pour un groupe aussi puissant qu'EDF.
Une première décision semble avoir déjà été arrêtée à l'Elysée : contrairement à ce que le gouvernement prévoyait il y a encore trois mois, Pierre Gadonneix ne sera pas renouvelé à la tête d'EDF en octobre. Son successeur n'est pas encore choisi. Une très courte liste de candidats possibles a été dressée. « Quel que soit le nom, ce sera un industriel. EDF est un sujet trop important pour le laisser dans des mains inexpertes », assure un proche du dossier.
Pierre Gadonneix est-il déjà au courant de cette décision ? Certaines confidences faites à ses proches ces derniers jours pourraient le laisser croire. Cela expliquerait alors son étrange comportement. Le jour même où le groupe public vient de lever 3,2 milliards d'euros –trois fois plus que ce qu'il avait prévu à l'origine– auprès des particuliers, il annonce qu'il a un besoin urgent d'argent !
Passant délibérément sous silence le contrat de service public qui lie EDF à l'Etat, et qui stipule que « l'évolution des tarifs aux particuliers ne sera pas supérieure au taux de l'inflation » jusqu'à la fin de 2010, Pierre Gadonneix demande une augmentation de 20% sur trois ans afin de financer ces besoins d'investissements. Argument qui avait déjà été avancé au moment du lancement de l'émission obligataire du groupe. « Ce rattrapage est pour pouvoir assurer –à nos enfants et à nous-mêmes– que la réussite du projet industriel d'EDF soit pérennisée. Sinon, dans dix ans, tout le succès du nucléaire sera derrière nous », précisait ce jeudi le pdg d'EDF sur RTL.
En demandant l'alignement des pratiques françaises sur le reste de l'Europe, Pierre Gadonneix s'inscrit dans un débat politique, semblant forcer l'Etat à tirer toutes les leçons sur l'ouverture du marché électrique à la concurrence. Ainsi s'il tombe, il tombera par le haut, au nom de ses idées, des principes de réalisme. Il évite de la sorte d'attirer l'attention sur sa gestion.
Une conduite calamiteuse
Pourtant c'est bien de sa conduite de l'entreprise dont il faut parler. A la lumière de l'état d'EDF, celle-ci se révèle calamiteuse. Pierre Gadonneix explique ainsi que les augmentations tarifaires s'imposent pour relancer les investissements en France. Les dépenses d'investissement sont en effet tombées à un seuil critique dans le groupe. Au cours des dix dernières années, EDF a vécu sur sa rente, engageant moins de quatre milliards d'euros par an pour l'entretien et le renouvellement de ses équipements. Résultat ? Des manques criants partout. Un réseau de distribution au bord de l'apoplexie, un parc nucléaire souffrant de pannes à répétition et allant jusqu'à manquer de pièces de rechange indispensables.
La situation n'est pas nouvelle. Et pendant les quatre premières années à la tête d'EDF, Pierre Gadonneix n'a rien fait pour la changer, continuant à maintenir au plus bas niveau les investissements français. L'affichage de résultats en constante augmentation, la conquête des marchés internationaux, la tenue du cours de Bourse étaient prioritaires. La prise de conscience de la nette dégradation de son système électrique est venue il y a à peine un an. Brusquement, la direction d'EDF a réalisé la vulnérabilité de sa position : le groupe public est devenu acheteur net d'électricité, et dépense désormais des milliards pour assurer l'approvisionnement de la France. Déstabilisées par le manque d'investissement et une organisation inadaptée (lire EDF : les salariés du nucléaire en fusion), ses centrales affichent un taux de disponibilité –calcul économique qui mesure l'efficacité industrielle et économique– en baisse constante. D'un peu plus de 80%, ce taux est tombé officiellement à 79%, dans les couloirs du groupe, on évoque même le chiffre de 75%. Un point de moins signifie des milliers de KWh en moins, des dizaines de millions d'euros envolés.
D'où la nécessité de dégager d'importants moyens financiers pour réorganiser une entreprise totalement déréglée. Mais EDF n'a plus la flexibilité financière nécessaire pour le faire. « Tous les bénéfices de la rente nucléaire ont été reversés aux Français », explique Pierre Gadonneix pour expliquer l'impasse dans laquelle se trouve le groupe public aujourd'hui. Dans les faits, il n'en est rien. Les consommateurs français ont certes profité d'une électricité bon marché, alignée sur l'inflation mais désindexée de coûts pétroliers et gaziers. Mais c'était l'objectif même du programme nucléaire lancé à partir de 1975.
La rente nucléaire a surtout servi à payer la conquête internationale du groupe. Entre le rachat de l'allemand EnbW, du britannique London Electricity et de l'italien Edison, EDF a dépensé plus de 20 milliards d'euros entre la fin des années 1990 et 2005. Sans parler des 10 milliards investis dans les années 1990 dans des sociétés en Amérique du Sud (Brésil et Argentine) qui se sont révélés des opérations calamiteuses et ont été liquidées dans des conditions tout aussi désastreuses. Contrairement à ce qu'assure Pierre Gadonneix, aucune des filiales internationales du groupe ne s'auto-finance, et l'endettement lié à ces acquisitions n'a toujours pas été remboursé.
Fuite en avant financière
Si Pierre Gadonneix s'en était tenu à cette diversification internationale, EDF pourrait sans doute financer la relance des investissements en France. Mais 2008 a été la folle année d'expansion. En dépit de toutes les mises en garde, le président d'EDF a décidé de racheter le groupe nucléaire britannique British Energy pour 13,9 milliards d'euros. Selon certains experts, EDF a payé environ trois fois le prix normal pour cette entreprise en perte, exploitant huit centrales nucléaires en fin de vie. Pierre Gadonneix a justifié cette opération, au nom de la promotion du savoir-faire nucléaire français : British Energy devant servir de base pour l'implantation de 4 EPR en Grande-Bretagne.
Il n'est même pas sûr que cette opération puisse voir le jour. Comme l'a révélé le Times le 1er juillet, l'autorité de sûreté nucléaire britannique a émis les plus grandes réserves sur certaines parties du réacteur, les jugeant pas assez sûres. Elle a demandé des modifications très importantes des technologies. Elle subordonne son autorisation d'implantation à ces changements. Ce qui signifie des mois voire des années de travail. En attendant, EDF se retrouve avec une entreprise déficitaire et une dette supplémentaire de plus de 10 milliards d'euros.
Il en va de même aux Etats-Unis. Pariant sur un renouveau du nucléaire –qui est très loin d'être acquis–, EDF s'est d'abord porté acquéreur de 9% du groupe américain Constellation, qui aimerait construire des EPR sur le territoire américain. Fin 2008, asphyxié par la crise, Constellation a frôlé la faillite. Pour EDF, cela se serait traduit par une perte de 750 millions d'euros. Plutôt que d'avouer cette perte, la direction du groupe a décidé, au contraire, de doubler la mise. Il s'est porté acquéreur de la moitié de Constellation pour 5 milliards d'euros. La transaction n'est encore pas conclue. Au gouvernement, on souhaite qu'elle ne le soit jamais.
Les charges financières de cette folle expansion ne cessent de s'envoler. Et Pierre Gadonneix n'a rien fait pour les endiguer. Pour continuer de faire croire à la bonne santé du groupe, il a choisi de s'endetter pour payer le milliard d'euros de dividendes à ses actionnaires, alors qu'EDF n'était pas en situation de l'honorer, affichant un autofinancement négatif. De même, par pur opportunisme et de politique de communciation, il a lancé son emprunt obligataire auprès des particuliers au lieu de lever de l'argent dans des conditions plus intéressantes sur le marché. Pour EDF, ce sera 150 millions d'euros de frais financiers supplémentaires pendant cinq ans.
Mais le voile commence à se déchirer. Les agences de notation s'inquiétent de cette situation et réfléchissent à abaisser la note d'EDF, ce qui renchérirait encore le coût de sa dette. Et dans le plus grand secret, la division financière du groupe travaille sur des scénarios noirs de stress financier.


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Maëlle Molmeret
Laboratoire de Bactériologie-INSERM U851
Faculté de Médecine Laennec
Université Claude Bernard Lyon 1
7 rue G. Paradin
69372 Lyon Cedex 08, FRANCE
tel: +33 4 78 77 8657

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