La fin du monde est prévue, paraît-il, pour le 21 décembre prochain. Compte tenu de cette funeste échéance, était-il bien sérieux de programmer la disparition du minitel le 30 juin ? Dans moins de deux semaines, nous allons définitivement dire adieu à l'annuaire sur 3611 et à ses 3 premières minutes gratuites, aux serveurs de messagerie affublés de prénoms plus ou moins improbables et à cette technologie du futur franco-française dont l'image emblématique restera sans aucun doute l'affichage du visage de François Mitterrand (en couleur !) le 10 mai 1981.
Même s'il a toute les chances d'être de première classe, on peux prendre cette enterrement à la rigolade, voire l'ignorer totalement. Pourtant, quelques claviers s'élèvent pour rappeler qu'on doit beaucoup à notre minitel national.
Accusé d'avoir freiné l'essor d'Internet en France car il risquait de lui porter préjudice, le minitel aura finalement été son meilleur allié. Sans le minitel, Xavier Niel n'aurait sans doute pas eu les moyens de lancer l'aventure Free, rappelle Libération. Le même article insiste également sur le rôle fondamental qu'à joué le minitel en son temps pour l'équilibre financier de quelques titres de presse qui, sans lui, auraient déjà mis la clef sous la porte depuis bien longtemps. Et la conclusion du papier deLibération plaide plutôt en faveur de notre petit écosystème numérique franchouillard : démocratisé bien avant le web, il nous a permis, mine de rien, d'acquérir une culture numérique minimum de façon relativement précoce. Au-delà du basique annuaire téléphonique, nous sommes nombreux à avoir utilisé les services du 3615 JOEL ou du 3617 JURIFRANCE avant le chargement massif de textes sur Légifrance au début des années 2000. Et hors du champ professionnel, les gamers accros des années 90 garderont sans doute un souvenir ému des parties débloquées car à leurs recherches d'aide sur 3615 SOLUCES...
Un petit tour sur la notice Wikipédia du minitel vous apprendra même qu'il présente quelques avantages face à Internet, dont certains sont de taille : constance du débit et sécurisation des échanges.
Bref, il a beau être vieux, lent, fermé, moche et aussi interactif qu'ergonomique, finalement, on l'aimait bien notre minitel ! S'il vous en reste un sous le coude, ne le jetez pas. Dans quelques années, ce sera le dernier cri de la hype en matière de déco et ils s'arracheront dans les brocante où aujourd'hui on achète à prix d'or les tables en formica de nos grands-mères...
Bonus : un petit bijou conservé par l'INA, la publicité pour le 3615 DEVENIR FONCTIONNAIRE (1997).
Source : http://www.lettreducadre.fr
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