mardi 19 juin 2012


Pour la première fois, l’Assemblée nationale reflètera la diversité des origines des Français

Par A. l'AFP
Publié le 18/06/2012


"Blanche" jusque-là, l'Assemblée nationale va refléter pour la première les couleurs de la France avec l'arrivée de huit députés d'origine africaine, maghrébine, asiatique ou brésilienne qui vont s'ajouter aux élus de l'Outre-mer ou venant de ces territoires.
Ce que le haut-commissaire à la diversité Yazid Sabeg a célébré comme une « très bonne nouvelle » ne cache pas moins un « communautarisme blanc » puisque « les personnes issues de la diversité sont 6 ou 7 fois moins représentées que les autres », a dénoncé le Conseil représentatif des associations noires (Cran) qui souhaite une loi sur la représentation de la diversité en politique.
Le Cran observe qu’ »il n’y a aucune personne issue de la diversité parmi les députés de la droite », ces nouvelles figures ayant toutes été élues sur les listes du Parti socialiste.
« Il ne faut pas faire une lecture maligne » de ce résultat qui « démontre la capacité de la gauche à anticiper les mouvements de la société », tempère M. Sabeg marqué à droite. « C’est plus long à droite mais ça va venir », a-t-il ajouté.
Cinq nouveaux députés de métropole sont originaires du Maghreb (Kader Arif, Malek Boutih, Kheira Bouziane, Chaynesse Khirouni et Razzy Hammadi), une du Tchad (Seybah Dagoma), un autre de l’Iran (Pouria Amirshahi) et un du Brésil (Eduardo Rihan Cypel).
Deux autres, Hélène Geoffroy, élue dans le Rhône, et Corinne Narassiguin (Français de l’étranger, Amérique du Nord) viennent de départements de l’Outre-mer. Une autre députée ultra-marine, la ministre George Pau Langevin, seule Noire élue en 2007 en métropole, a conservé son mandat.
Seybah Dagoma, 34 ans, adjointe de Bertrand Delanoë en charge de l’économie sociale et solidaire, a été élue dans la 5e circonscription de Paris. Cette avocate d’affaires est membre fondatrice du think tank Terra Nova et membre du conseil scientifique de la Fondation Jean-Jaurès.
Après un parachutage raté en 2007 dans la quatrième circonscription de la Charente, Malek Boutih, d’origine algérienne, 47 ans, dont trente ans d’engagement associatif et politique, va succéder à son ancien « pote » de SOS Racisme, Julien Dray.
De père algérien et de mère tunisienne, Razzy Hammadi, qui n’avait pas réussi en 2008 à ravir le fauteuil d’édile au maire communiste d’Orly où il avait été investi au titre de la « diversité », a été élu cette fois avant même le second tour, son adversaire et prédécesseur ayant décidé de se désister.
Kader Arif, ministre délégué aux Anciens combattants, a été élu dans la 10e circonscription de la Haute-Garonne. Ce député européen, en 2004 et en 2009, natif d’Alger, est arrivé en France alors qu’il n’avait pas quatre ans avec ses parents, restés fidèles à la France au moment de l’indépendance algérienne.
Professeur d’économie de 58 ans et née à Oran (Algérie), Kheira Bouziane, conseillère municipale à Quetigny, a été élue dans la troisième circonscription de Côte-d’Or.
Née à Annaba, la métropole sidérurgique de l’est algérien où son père était soudeur, Chaynesse Khirouni, arrivée en France à l’âge de 20 ans, a été élue dans la 1ère circonscription de Meurthe-et-Moselle. Cette enseignante de microfinance de l’université de Lorraine est passée par le militantisme antiraciste et altermondialiste avant de se lancer en politique en 2008.
Le socialiste Eduardo Rihan Cypel, 36 ans, né au Brésil, élu dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne, s’est fait connaître par son combat acharné contre la politique d’immigration préconisée par le gouvernement Sarkozy.
Ironie de l’histoire, ces élus d’origine étrangère arrivent au Palais-Bourbon au moment où le Front National y revient avec deux députés. « Je suis le premier à regretter la banalisation des idées du FN » mais « la société française sait faire la part des choses », a relativisé M. Sabeg


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