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vendredi 20 août 2010
Conflits d'intérêt : Woerth /Pécresse/Saadé animés par le grand tireur de ficelles du Fouquets ...devinez qui?
Jacques Saadé aurait-il roulé dans la farine la semaine dernière, le Tribunal de Commerce de Marseille(1) ? Comme par hasard, alors qu’il devait absolument prouver aux juges du Tribunal que la CMA CGM pouvait faire face à des échéances compliquées, avec une dette de plus de 4 milliards d’euros, et quelques porte-containers, à 150 millions de dollars la bête en attente de paiement, il avait sorti au dernier moment,de sa casquette d’armateur, un Baron Belge, le financier Albert Frère.C’était il y a quelques jours, et avec la même conviction que quand Dassier nous expliquait que Niang était intransferable, les dirigeants de la CMA avaient certifié au Tribunal de Commerce et aux représentants des salariés, lors d’un Comité d’entreprise que cette fois c’était la bonne, que le deal était quasiment bouclé et que Albert Frère, via sa société CNP alllait apporter 300 millions de dollars, et qu’en conséquence, l’Etat français allait suivre via son fonds d’investissement le FSI avec 200 millions de dollars. La crise étant passée, les arbres allaient pouvoir de nouveau monter jusqu’au ciel, et tout le monde pouvait partir en vacances tranquillement. Dormez bien braves gens. Et puis patatras, le toujours très bien informé site d’infos financières Wansquare nous apprenait en fin de semaine dernière que Albert Frère aurait rompu les négociations. Malgré le démenti d’un porte-parole de l’armateur marseillais à l’agence de presse Reuters » le groupe Cma Cgm continue actuellement des discussions avec plusieurs investisseurs dans la perspective d’arriver rapidement à un accord », La rumeur continuait à courir tout le week-end sur le quai d’Arenc.. Et hier matin, une « source proche du dossier » comme on dit toujours dans ces cas là confirmait le malaise hier matin à l’AFP » Albert Frère et la Cma Cgm ont eu des discussions sur un certain nombre de principes portant notamment sur les droits minoritaires lorsqu’il a fallut les marquer sur le papier, la partie Cma s’est rétractée ». Pourtant tout le monde sait que si Albert Frère est généralement minoritaire dans les grands groupes dans lesquelles il investit, comme chez Total où Gdf Suez, il n’agit pas comme un « sleeping partner » et il aime avoir un droit de regard sur la stratégie et la gouvernance de l’entreprise et déteste surtout plus que tout être « collé », c’est à dire ne pas pouvoir revendre sa participation quand il le souhaite. » petit minoritaire, petit con, gros minoritaire, gros con… », serait sa maxime favorite. Comme nous l’avions écrit précédemment, Saadé était prévenu.Comme avec les Qataris et les différents investisseurs potentiels qui sont venus proposer d’investir dans la Cma, Jacques Saadé voulait bien de leurs centaines de millions de dollars mais en aucun n’avoir trop de compte à leur rendre sur le management de la Cma. Forcément, ça fait réfléchir. Si Saadé reste un grand armateur, personne n’acceptera aujourd’hui de lui laisser seul le carnet de chèque.En plus, un autre grain de sable est venu perturber les négociations en cours entre la Cma, Albert Frère et le FSI. Ce grain de sable s’appelle Jean-Marie Kuhn et c’est la bête noire de Frère. Ce petit actionnaire de la CNP, la société cotée en bourse d’Albert Frère et où est logée une partie de ses participations, poursuit le financier devant les tribunaux belges et d’outre quiévrain. Il l’accuse d’un mic mac financier autour de la revente de Quick, et de l’entrée au capital de Gdf Suez, avec la complicité du Gouvernement français. Pour l’instant la France a rejeté ses différentes plaintes, et Libération a été attaqué pour diffamation pour en avoir parlé. On reste donc prudent sur ce volet de l’affaire.Néanmoins, Jean-Marie Kuhn a écrit une belle lettre à Augustin de Romanet, PDG de la Caisse des Dépôts et Consignation, l’actionnaire du Fonds Stratégique d’Investissements avec l’Etat français, en s’étonnant que tol’actuel Directeur Général du FSI, le marseillais Gilles Michel, puisse négocier avec Albert Frère alors qu’il va rejoindre dans quelques semaines la société Imerys, un leader mondial dans les métaux,elle même filiale du Baron « par quel miracle, Gilles Michel va t-il devenir la patron d’Imerys ? » écrit dans sa lettre le meilleur ami d’Albert » un incontestable et gravissime conflit d’intérêt avec la triple casquette de Gilles Michel, à savoir, Directeur Général du FSI, patron d’Imérys sous peu et arrangeur de l’association Albert Frère/FSI dans la Cma Cgm ». Pan.A l’époque un porte-parole du FSI, nous avait démenti ut conflit d’intérêt, nous indiquant que d’une part Gilles Michel était très encadré et très surveillé dans sa fonction de Directeur Général et que d’autre part l’annonce de son départ chez Albert Frère était publique et antérieure au deal Cma Cgm. Mais dans le contexte « Eric Woerth et son amie Liliane », la tension a continué à monter d’un cran autour de cette nouvelle affaire. Car depuis, le site internet de Marianne et le Post.fr, ce sont aperçu que Gilles Michel irait rejoindre du beau monde dans cette filalle du Baron Belge : son Directeur Général Adjoint sera Jérôme Pécresse, le mari de Valérie, la Ministre de la Recherche et des Universités, qui avait elle aussi reçu un petit chèque de Liliane Bettencourt pour l’aider dans sa brillante campagne des régionales à Paris, » elle va perdre mais il faut l’aider quand même » aurait dit à l’époque l’impayable de Maistre à la milliardaire de l’Oréal, selon les écoutes diffusées par Médiapart, Et puis justement puisqu’on parle d’eux, Gilles Michel aura également comme administrateur chez Imérys, un certain Eric de Sérigny, un conseiller d’Eric Woerth.Comme le monde est petit, surtout celui-là.Rien d’illégal bien entendu dans tout ça, mais compte-tenu de l’ambiance actuelle, et comme Albert Frère faisait également partie des invités de Sarkozy lors de la fameuse soirée du Fouquets, tout ça commence à faire un peu mauvais genre. Du coup, la Caisse des Dépôts s’est fendue hier d’un beau communiqué à Reuters, dénonçant à son tour tout risque de conflit d’intérêt » aucune de ces allégations n’a le début d’un fondement » ajoutant » il n’existe aucune relation privilégiée entre Albert Frère et le FSI , pas plus qu’il n’existe de pacte d’actionnaire entre eux ». Néanmoins cette sortie médiatique de ces généralement flegmatiques banquiers, et qui plus est, en pleine torpeur estivale en dit long sur l’ état d’énervement du pouvoir sur ces dossiers où le mélange des genres entre le service de l’Etat et le milieu des affaires choquent de plus en plus les français. Et sur cette affaire, Sarkozy redoute plus que tout un nouvel emballement médiatique qui prenne le relais de Woerth Bettencourt.Et tout ça c’est pas bon du tout pour le dossier Cma Cgm. Et une question se pose. Que ce passera t-il si un créancier en conflit avec l’armateur marseillais, et il y en a beaucoup, décidait de saisir de nouveau le Tribunal de Commerce de Marseille ? Une mise en cessation de paiement du 3ème armateur mondial en plein coeur de l’été, ça ferait sans doute plus de bruit que si la tour s’effondrait. Et en attendant le prochain épisode, les requins pointes noires continuent à tourner, bien au frais, dans le grand aquarium du hall du quai d’Arenc.
(1)En + - La plus haute tour de Marseille, ou le syndrome de la folie des hauteurs
"Une folie." Pour Tristan Vieljeux, président du conseil de surveillance de CMA-CGM, la construction d'un nouveau siège social était tout sauf raisonnable. "Cette idée est née après la privatisation de la CGM, raconte-t-il. J'y étais opposé, parce que ça bouffait des capitaux." Pourquoi a-t-il donné son aval ? "C'était l'époque où Jacques Saadé avait des problèmes avec la justice [mis en examen en 1998, non-lieu en 2003]. Il voulait partir à Londres. J'aurais pu l'empêcher de construire cette tour, mais je me suis dit que c'était le seul moyen de le faire rester en France." Porté alors par son succès, Jacques Saadé voit grand. Il sollicite une architecte renommée, Zaha Hadid. Cette tour doit être sa consécration, elle rayonnera sur la cité phocéenne. Sans partage, comme lui. Il aurait même demandé au maire UMP, Jean-Claude Gaudin, de lui garantir qu'aucun édifice ne dépasserait le sien. "Tant que je serai shérif de Marseille, mon cher Jacques, c'est vous qui aurez la plus haute", lui répond l'inénarrable élu, lors de la pose de la première pierre. La construction vient de s'achever, et la livraison est prévue pour la mi-2010. La facture, salée, dépasserait les 200 millions d'euros.
La CMA-CGM ensabléeArmateur / vendredi 27 août par Émile Borne
En pleines négociations pour faire renflouer sa compagnie maritime, la famille Saadé ne veut pas lâcher la barre. Ni qu’on raconte comment elle s’est fait piteusement ravir deux porte-conteneurs tout neufs.
Cherche actionnaire capable d’injecter 500 millions d’euros dans la chaudière mais qui accepterait de voyager en fond de cale sans chercher à tenir la barre.
Avec une telle exigence, on comprend pourquoi le renflouement financier de l’armateur tricolore CMA-CGM – environ 5 milliards de dettes - est si laborieux.
Ces derniers mois, les Saadé, la famille fondatrice franco-libanaise ont découragé tout une armada d’investisseurs. Des plus ou moins sérieux comme Colony Capital, piteux propriétaire du PSG, ou le bricoleur Walter Butler qui a fait la culbute avec la reprise de la SNCM. Mais aussi des plus solides. Le fonds souverain du Qatar a par exemple jeté l’éponge en début d’été. Trop exigeant cet Etat du Golfe ! Il demandait en contrepartie un placement en bourse d’un morceau du capital groupe, ce qui ne ravissait pas les Saadé.
Puis début août, les négociations de CMA CGM avec un duo formé du fonds souverain à la française, le FSI et du milliardaire belge Albert Frère partis pour prendre 30% du groupe ont aussi capoté. Mais pour une raison toute bête cette fois-ci. Comme l’a signalé Bakchich, on risquait un joli conflit d’intérêts, le directeur général du FSI ayant aussi un pied dans une boîte contrôlée par Frère.
Aux dernières nouvelles, le clan serait en palabres avec des sauveteurs proche-orientaux : un groupe turc et la famille libanaise Mikati. Peut-être comprendront-ils mieux la philosophie maison ?
Car chez les Saadé, on ne partage pas le pouvoir qui est de nature clanique. La compagnie de ces proches de la famille Hariri et grands amis de Chirac – alors premier ministre, il a en 1987 donné la CGM aux Saadé, ce qui n’incite pas beaucoup Sarkozy à aider à tout prix la compagnie - s’organise autour du patriarche Jacques, 73 ans, assisté de son beau-frère Farid T Salem. Ses enfants montent en puissance. L’omniprésente Tanya a ainsi la haute main sur la communication. Ce qui n’a tout de même pas empêché CMA-CGM de faire appel à l’inévitable prêtresse Anne Méaux, lorsque la boîte était au bord du naufrage. Quant à « Rodolphe mon fils » ainsi que le présente son écrasant père, bombardé directeur général adjoint par son géniteur, il peine à s’imposer alors que certains banquiers ou conseillers de l’Elysée le jugent un peu léger.
« Quant aux autres, ce ne sont que des subordonnés, souvent traités comme de la valetaille », constate un familier du groupe.
L’ancien directeur général du port du Havre, Jean-Marc Lacave, un X Ponts qui a fait toute sa carrière dans le secteur public l’a compris à ses dépens. En 2008, les Saadé qui cherchent à négocier une bonne place sur les terminaux du Havre le recrutent comme numéro 2, à la place d’Alain Wils. Début 2010, Lacave est débarqué de la direction générale, officiellement sacrifiée sur l’autel des banques à l’occasion d’une première opération de restructuration de la dette. Ce ne serait pas l’unique raison, « Lacave s’imaginait calife à la place du calife et s’est vu patron bis de CMA CGM », selon un observateur. Erreur tragique…
Mais le patriarche aurait-il perdu la main ? Tout le monde le reconnaît, Jacques Saadé dispose d’un flair hors du commun. Il a été l’un des premiers à miser sur la Chine dans les années 90. « Mais il n’a pas senti venir la crise. Quand tout le monde revendait des bateaux, lui faisait construire par dizaines des porte-conteneurs de plus en plus gros, obsédé par le rang de 3eme mondial », estime un armateur européen peu charitable. Et d’enfoncer le clou « les Saadé CMA CGM ont été victimes de la folie des grandeurs, d’un excès d’égo et d’une perte du sens commun ». Bigre…
Cette cécité a abouti à l’une des déculottées les plus humiliantes et les moins relayés par la presse économique française. Peut-être grâce aux talents d’étouffeuse d’Anne Méaux… Fin 2009, au pire de la crise, l’armateur confronté à une baisse vertigineuse des tarifs de fret n’a plus un sou de cash. Il est tout bonnement incapable de finir de payer le chantier sud coréen Hanjin. En général, un navire - dont le coût peut dépasser les 100 millions de dollars - se règle en cinq fois, alternativement par l’armateur et par un syndicat bancaire.
« Sûrs d’eux, les Saadé croyaient pouvoir négocier un délai avec les asiatiques. Quel aveuglement ! commente un connaisseur du dossier. Finalement, un armateur norvégien, Frederiksen a réglé l’échéance et est reparti avec le navire pour le louer, selon les pratiques un peu surprenantes du milieu de la construction navale ». Et ce cas de figure s’est produit au moins pour un autre navire de la même série.
Résultat, une triple peine pour les Saadé : ils ont perdu deux navires, ont dû rembourser leurs banques. Et ont fait le bonheur de leur concurrent – l’italo-suisse MSC notamment- qui se sont offerts des bateaux flambant neuf à prix discount.
En attendant un renflouement financier, la hausse des tarifs de fret est une bénédiction. Elle apporte du cash et un peu d’air à CMA CGM. Mais étant donné que la compagnie a encore quelques dizaines de porte conteneurs en commande à payer d’ici 2012, beaucoup de concurrents ont déjà un œil dessus, au cas où.
La mer est décidément pleine de requins !
Le Conseil général des Bouches-du-Rhône présidé par Jean-Noël Guérini paie, avec un an d’avance, 50 millions d’euros à la compagnie maritime de Jacques Saadé pour le rachat de son ancien siège social.
Rumeurs de cessions d’actifs à Bolloré, dette abyssale de 3,5 milliards d’euros, 345 millions d’euros de pertes en 2009 ou vilaine rumeur d’une impossibilité de payer les salaires de fin octobre… La CMA CGM de sa seigneurie Jacques Saadé, 3e armateur mondial a un peu la tête sous l’eau. Même le fonds stratégique d’investissement (FSI, le fonds souverain à la française) s’en méfie. Prudent, l’Élysée a renoncé à renflouer les caisses d’un armateur qui fait surtout bosser les ports asiatiques.
Heureusement, le peu de patriotisme économique est sauvé par le régionalisme économique. Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, présidé par Jean-Noël Guérini alias Nono, vient d’offrir une jolie bouée à l’entreprise qui règne sur le port de Marseille.
Sous la forme d’une avance de 50 millions d’euros. Un bouquet d’oseille lié au rachat de l’ancien siège social de la CMA, au 4 quai d’Arenc, et acté par une décision de la commission permanente du CG 13, en date du 23 octobre. Bonne fille, l’administration a payé rubis sur l’ongle la note, quand elle ne prendra possession des lieux qu’au 31 décembre 2010 dernier carat, comme le décrit la décision consultée par Bakchich.
Jean-Noël GuériniDessin de PieR
Or, l’agenda prévu, tant du côté de la CMA que du vaisseau bleu, siège du département, était un brin différent.
Le 21 juillet 2006, la commission permanente du Conseil général avait fixé au 30 septembre 2009 la date extrême de libération des locaux. Une décision qui avait été inscrite dans le compromis de vente du 20 mars 2007, entre l’administration et la CMA.
Mais la crise passant par là, l’armateur s’est retrouvé dans « l’impossibilité matérielle de libérer les lieux ». Le nouveau siège social, la Tour CMA CGM -bébé du patron Jacques Saadé, 147 mètres au garrot toisant le port autonome de Marseille- n’a toujours pas été inauguré. Mieux, les murs sont déjà en vente. Rappelons que la livraison, prévue au 3e trimestre 2009, est désormais reportée au second semestre 2010.
Les effectifs de l’entreprise devront encore patienter avant de s’installer au sein de ce joyau. Dont le coût d’édification n’a jamais été communiqué. De toute façon, "on parle peu" confie un porte-parole de l’entreprise.
Glaçon dans la mauresque, l’acte authentique de vente du quai d’Arenc, pourtant signé le 23 juillet 2009, ne prévoyait qu’un paiement à prise effective des locaux. « Toutefois, postérieurement à la vente, la société CMA-CGM a souhaité revenir sur les modalités de paiement du prix de la vente et a sollicité un paiement immédiat de ce prix », décrit la décision du Conseil général des Bouches-du-Rhône.
Signée par un Nono Guérini, fort compréhensif avec Jacques Saadé, roi du port marseillais.
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