mardi 1 avril 2014

“LA SITUATION DE L'EMPLOI EST DRAMATIQUE”

“LA SITUATION DE L'EMPLOI EST DRAMATIQUE”

J'étais l'invité de Jean-Michel Aphatie hier matin sur RTL. Face au chômage il faut plus d'engagement à tous les niveaux. J'appelle aussi les politiques à se ressaisir.

UN MORATOIRE POUR LA PÉNIBILITÉ ? PAS QUESTION !

Depuis quelques temps, plusieurs organisations patronales ont revendiqué un moratoire sur les réformes, en cours ou à venir, qui pourraient contraindre les entrepreneurs. Une des cibles : les dispositions en faveur des salariés exposés à la pénibilité.
Dans notre pays, l’écart d’espérance de vie entre les catégories sociales est très élevée : près de sept ans. Comment ces organisations patronales peuvent-elle oser combattre un dispositif qui traite la question de l’injustice causée par la pénibilité du travail ? Comment peuvent-elles faire l’impasse sur la perte d’espérance de vie due aux expositions professionnelles et aux mauvaises conditions de travail ? C’est repousser toute équité sociale en refusant toute compensation, qu’elle favorise la réorientation professionnelle ou permette les départs anticipés.
Trop d’entreprises ne se sont pas adaptées pour traiter ou prévenir les effets de la pénibilité, notamment pour garder en leur sein les salariés les plus âgés. C’est pourtant le corollaire indissociable de l’allongement de la durée d’activité. Il s’agit ni plus ni moins de mettre en place des conditions de travail soutenables pour l'ensemble des salariés, y compris les jeunes en début de carrière. C’est ainsi que nous permettrons aux futurs salariés seniors de rester effectivementen emploi. C'est ainsi que nous réduirons les effets différés de la pénibilité.
Il est donc logique que les entreprises concernées participent à la prise en charge des  conséquences individuelles et sociales qu'elles génèrent. Le nier, c'est assumer que d'autres dispositifs, comme l'invalidité ou l'assurance chômage, s'en chargent alors que ce n’est pas leur finalité.
Le « compte personnel de prévention de la pénibilité » créé par la loi sur la réforme des retraites est une réponse à ces exigences.
C'est un mécanisme qui incite les entreprises à adapter les conditions de travail et les parcours professionnels au vieillissement des salariés. Il permet à chacun d'avoir enfin en temps réel une visibilité sur les expositions qu'il subit. Chaque salarié va pouvoir devenir acteur de sa propre prévention. Certes, il existait déjà une obligation de tracer les expositions, mais elle n'ouvrait aucun droit pour le salarié ni ne donnait lieu à aucune sanction pour les employeurs qui s'en affranchissaient (plus de la moitié).
Dire que ce compte va mettre à mal les efforts de prévention accomplis jusqu'ici relève d'un regrettable cynisme.
Les détracteurs du compte personnel de prévention de la pénibilité ont laissé passer l’opportunité de prendre leur place dans la construction d’un dispositif équitable. Les organisations patronales ont bloqué la négociation interprofessionnelle sur la pénibilité instituée par la loi Fillon de 2003 alors que les branches patronales les plus progressistes avançaient de réelles  propositions.
Certains syndicats critiquent le dispositif  au motif qu’il induirait une charge de travail pour les organismes de sécurité sociale. Certes, il n'est pas parfait. Il ne prend pas suffisamment en compte notamment les salariés ayant eu des expositions passées. Il demande un gros travail préparatoire à sa mise en place. Il devra probablement être adapté à l'usage.
Mais la CFDT ne peut pas accepter qu'au moment où s'élabore un pacte de responsabilité qui équilibre les conditions nécessaires au développement de l'emploi et les contreparties en matière sociale et de qualité du travail, la prise en charge de la pénibilité puisse être remise en cause. 

AVEC LES MILITANTS DE L’INSPECTION DU TRAVAIL, QUI CROIENT À LA RÉFORME

Ils sont une cinquantaine de militants du Syntef CFDT,  le syndicat national Travail-emploi-formation, lors de notre rencontre jeudi 20 mars. L’inspection du travail vit une réforme importante. Son but est de renforcer le travail collectif.
Ces militants soutiennent cette réforme. Selon eux, elle est porteuse d’une amélioration des conditions de travail des agents et d’une plus grande efficacité dans l’exercice de leur mission de service public d’inspection du travail. Je suis très sensible à ces deux questions : l’inspection du travail, dont nous avons plus que jamais besoin quand le chômage est très élevé, les problèmes d’emploi et de vie au travail aussi présents. Et puis les conditions de travail des agents qui mènent cette mission, sans quoi, il leur est impossible de faire leur travail correctement.
Les militants du Syntef m’ont dit combien, pour eux, les postures et conservatismes des autres syndicats ne répondaient pas à l’enjeu d’une plus grande présence sur le terrain de l’inspection du travail et du renforcement de son action. Même si le combat syndical est rude face à des attaques dignes d’une autre époque, les militants CFDT continuent de porter fièrement un syndicalisme d’engagement et de propositions. C’est une grande fierté de voir leur force de conviction et leur détermination.

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