RÉFORME DES RETRAITES
Brigitte Jumel, secrétaire générale de l’UFFA-CFDT s’oppose à « tout bricolage paramétrique du mode de calcul »
V. Fauvel 23/04/2010 Publié dans : France
La Gazette a rencontré Brigitte Jumel, secrétaire générale de l'Union des fédérations de la fonction publique et assimilés (UFFA)- CFDT, dernier syndicat à être reçu le 22 avril 2010 par Eric Woerth et Georges Tron dans le cadre des concertations sur les retraites dans la fonction publique. Celle-ci s'oppose fermement à tout changement du mode de calcul et au recul de l'âge légal du départ en retraite qui doit rester, selon elle, un choix individuel.
Vous étiez le dernier syndicat à être reçu par Eric Woerth et Georges Tron le 22 avril. Y-a-t-il de nouveaux éléments de débat ? Pour la première fois, le ministre du Travail a abordé l’éventualité de modifier la règle de calcul des six mois. Sur ce point, les choses sont claires pour notre syndicat : on ne touche pas à la règle des six mois. Le délai de deux mois qui nous est imparti est beaucoup trop court pour toucher au mode de calcul des six mois. De manière plus générale, nous n’accepterons aucun bricolage paramétrique qui aboutirait à une baisse du niveau des pensions.Nous serions enclin à nous pencher sur une modification du mode de calcul à la seule condition de prendre en compte tous les éléments. Cela nécessiterait une réflexion beaucoup plus longue que celle qui nous est offerte. D’ailleurs, je m’interroge : est-ce vraiment une réforme des retraites ou un simple toilettage ?
Dans ce cas, seriez-vous d’accord pour reculer l’âge du départ à la retraite fixée à 60 ans ? L’âge du départ à la retraite est une référence importante pour le salarié. C’est une fenêtre ouverte sur l’avenir. Pour l’UFFA-CFTD, l’âge du départ à la retraite doit rester un choix individuel. Modifier cet âge légal serait perçu de manière très négative.
Eric Woerth et Georges Tron vous ont proposé de traiter les thèmes déjà annoncés le 12 avril : pénibilité, emploi des séniors, spécificités de la fonction publique et gouvernance des régimes. L’UFFA-CFDT a-t-il déjà des positions arrêtées sur ces sujets ? Sur le dossier de la pénibilité, les dernières mesures prises concernant les infirmières démontre que nous ne sommes pas d’accord. Une compensation financière n’a rien à voir avec la pénibilité. Nous proposons plutôt la mise en oeuvre d’une politique de santé au travail afin de rendre supportable ou d’amoindrir cette pénibilité. Nous proposons également une évolution des carrières qui permettrait des départs anticipés, du fait de la baisse de l’espérance de vie.
Nous voudrions aussi traiter des inégalités dans la fonction publique. Il faut savoir qu’en moyenne, dans la fonction publique territoriale, une pension de retraite est inférieure à 1.200 euros. Cela s’explique en partie par le fait qu’on recense 77% d’agents en catégorie C dans la FPT mais aussi par le fait que les pensions sont faibles. La situation des femmes nous préoccupe également. Leur carrière sont incomplètes, elles occupent souvent des emplois pénibles. Nous voudrions également aborder le cas des polypensionnés pour qu’ils n’héritent pas, comme c’est le cas actuellement, des désavantages des deux systèmes, privé et public.
Concernant l’emploi des séniors, il faudrait mettre en place une période de transition professionnelle avant la retraite. Ils pourraient, par exemple, accompagner les nouveaux salariés qui entrent dans le métier. Ce serait une sorte de transmission culturelle, de valeurs professionnelles.
Les projections financières du rapport du COR, publiées le 14 avril révèlent que le système des retraites par répartition court à sa perte s’il n’est pas réformé. Etes-vous d’accord avec ce constat ?Il faut relativiser les chiffres. La moitié des besoins en financements annoncés dans le rapport du COR, entre 41 et 49 milliards d’euros, sont liés à la crise.L’UFFA-CFDT estime qu’il faudrait davantage taxer les revenus du patrimoine et les placements financiers. Il faudrait par ailleurs anticiper le choc du papy-boom et pour ce faire, augmenter les ressources des fonds de réserve des retraites. Mais concrètement, ce débat de même que celui concernant l’assiette de cotisation et les conditions de l’allongement de la cotisation sont des questions qui ne sont pas encore tranchées au sein de la fédération. Notre congrès qui se déroule du 7 au 11 juin prochain devrait permettre d’apporter des réponses.
Première réunion de concertation sur les retraites des fonctions publiques (UFFA-CFDT)
Compte-rendu de la première réunion de concertation sur retraites des Fonctions publiques
Paris le 22 avril 2010
Le ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction Publique, Eric Woerth, ainsi que le secrétaire d’État chargé de la Fonction Publique, Georges Tron, ont reçu la délégation CFDT Fonctions Publiques le 22 avril 2010.
La méthode envisagée est parallèle à celle qui a été indiquée lors de la rencontre du 12 avril consacrée aux retraites du secteur privé.
L’agenda est identique, de la publication d’un premier document d’orientation à la mi-mai (ouvert à la discussion) à la finalisation d’un projet de loi « avant les vacances d’été ».Des réunions techniques bilatérales seront organisées jusqu’à la fin du mois de mai avec les partenaires sociaux sur :· la prise en compte de la pénibilité- question d’une approche identique entre le public et le privé l’emploi des seniors- prise en compte des secondes parties de carrière,- âge de mise à la retraite d’office de 65 ans,- règles de cumul emploi / retraite,- possibilités de départ anticipé avec 3 enfants après 15 ans de service.· les mécanismes de solidarité et spécificités de la Fonction publique- droits familiaux (majorations pour enfants),- droits conjugaux (réversion),- calcul de la pension sur les 6 derniers mois,- taux de cotisation,- bonifications.· la gouvernance des systèmes de retraites des Fonctions publiques
La CFDT a affirmé :
- son attachement à la possibilité de liquider sa pension à l’âge de 60 ans,- son refus de toute diminution du niveau des pensions et, en conséquence, son rejet de toute modification de la règle des 6 derniers mois sans réexamen en profondeur de la question des rémunérations et des modes de calcul des pensions dans les Fonctions publiques, impossible à réaliser dans un délai aussi court,- son attention particulière à la réduction des inégalités de pension dans les Fonctions publiques. La situation des polypensionnés, notamment des titulaires sans droits (agents ayant moins de 15 années de services), est un enjeu majeur. Les droits familiaux et conjugaux ainsi que le minimum garanti devront également faire l’objet d’un examen. À cette occasion, la CFDT Fonctions publiques a fait savoir qu’elle souhaite que les couples pacsés bénéficient des mêmes droits que les couples mariés, en matière de réversion notamment,- sa volonté de faire progresser qualitativement l’emploi des seniors dans les Fonctions publiques, dans le cadre de parcours professionnels,- la nécessité d’une dynamique positive de l’emploi public en parallèle des questions de retraite,- ses attentes en matière de gouvernance du système des pensions publiques.
Le calendrier proposé apparaît d’emblée trop restreint pour espérer aborder en profondeur l’ensemble de ces questions.
Délégation CFDT : Brigitte Jumel, Secrétaire Générale de l’Union des Fédérations deFonctionnaires et Assimilés (UFFA – CFDT), Mylène Jacquot, Secrétaire Générale Adjointede l’UFFA-CFDT, Yves Canévet, Secrétaire Confédéral.
© CFDT (mis en ligne le 23 avril 2010)
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