vendredi 13 juin 2014

Aix Marseille Provence :au cœur de la cité de la Savine à Marseille , le festival d'art lyrique d’Aix-en-Provence et l’association Sound Musical School organisaient Musiques en cité samedi dernier 7 juin,porté par le jazzman Raphaël Imbert et la chorégraphe Geneviève Sorin,"Un moment de poésie à la Savine".Dans un coin, la violoniste japonaise Chikako Hosoda initie un puis plusieurs enfants à son instrument. Un groupe se forme, la musique passe. Les improvisations musicales se poursuivent ce dimanche 15 Juin, à 11 h à Encagnagne, au Jas de Bouffan à Aix-en-Provence.

Le festival d'Aix se délocalise au cœur des quartiers

Au coeur de la cité de la Savine, le festival d'art lyrique d’Aix-en-Provence et l’association Sound Musical School organisaient Musiques en cité ce samedi 7 juin. Porté par le jazzman Raphaël Imbert et la chorégraphe Geneviève Sorin, ce projet associe musiciens professionnels, amateurs et habitants pour un moment de partage musical.
Improvisation sonore au coeur de la Savine
Improvisation sonore au coeur de la Savine 
Vincent Beaume
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Une procession musicale chemine lentement depuis le centre social de la Savine jusqu'à un étrange bassin bétonné garni de gradins. L'endroit date de la construction de la cité mais le bassin d'ornement a vite été vidé de son eau et transformé en stade de football par les jeunes de la cité. En ce samedi, ni ballon, ni poisson, mais deux rangées d'artistes, de musiciens, de femmes et d'enfants se font face et s'observent. Duhaut de ses huit ans, Elyès se lance le premier dans l'arène, il prend possession de l'espace qui l'entoure. Il se déplace en produisant des sons, des onomatopées, ses pas sont lents puis rapides, saccadés et ses mouvements répétitifs. Il est suivi par le reste du groupe qui s'anime un par un et, chacun à son tour s'approprie l'espace.

Faire chanter les enfants 

Cet "impromptu" est exemplaire de ce que veut être Musiques en cité : une rencontre entre musiciens, professionnels, amateurs et habitants dans un lieu éloigné du théâtre ou de l'opéra. Depuis plusieurs années, le service "passerelles" du Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence travaille en partenariat avec la Sound Musical School, autrement appelé B Vice, un"centre culturel à l'usage de la rue" installé au coeur de cette cité perchée au nord de Marseille. Déjà en 2012, Boras, un projet interculturel autour de berceuses comoriennes créé avec les musiciens du London Symphony orchestra. L'aventure avait mené des femmes et des enfants de Marseille jusqu'à Londres pour une représentation à la chapelle Saint Luke, lieu de représentation du célèbre orchestre. Cette année, la création musicale se déplace au pied des tours de la Savine.
Au fond du bassin, la chanteuse Stéphanie Hamadi, fait un cercle avec des minots âgés de 3 à 11 ans. Elle entonne "ye mbona", une berceuse comorienne sur le thème de l'amour d'une mère pour son enfant. Ce moment de complicité entre eux se poursuit très naturellement avec SaoudaMohamed Mzé, membre de l'association, qui reprend une autre berceuse comorienne. Lentement, le chœur s'éloigne du bassin et rejoint un autre lieu pour un nouveau moment musical.
"Le projet est une initiative du festival, basé sur la transmission de la musique à travers des ateliers pédagogiques avec des musiciens-relais qui font appel à  des notions d'improvisation dans l'espace public", explique Raphaël Imbert qui tient la baguette de chef d'orchestre. Il est épaulé par la chorégraphe Geneviève Sorin qui travaille sur les mouvements dans l'espace public. Avec eux, une équipe s'est constituée, avec d'une part des musiciens dit "relais" qui ne sont ni complètement des professionnels, ni des amateurs. Au côté des artistes et de ces passeurs, les enfants ont participé à trois ateliers avant de se lancer dans l'improvisation. Mais, pour Geneviève Sorin, cet instant de partage est surtout possible car "les enfants sont naturels, justes, complètement dans l'exercice et qu'ils respectent tout".

"Un moment de poésie à la Savine"

Illustration parfaite avec un second cercle musical dans lequel ce sont les enfants qui guident et donnent le tempo aux adultes. Cette inversion des rôles réjouit Raphaël Imbert : "On peut faire de la musique sans l'écrire. Ici, on ne joue pas de la même façon qu'à Aix-en-Provence. Les musiciens sont spéciaux, comme Elyès qui donne des instructions à des professionnels"
Mais, au-delà des acteurs humains, le cadre de la cité compte pour beaucoup dans le projet. "Quand Emmanuelle Taurines, la responsable du service "passerelles" du festival d'Aix nous a proposé ce projet, nous avons tout de suite souhaité que cela se passe chez nous plutôt qu'à Aix-en-Provence, explique Soly Mbae, auteur compositeur, slameur mais surtout responsable du B Vice. C'est un moment de poésie à la Savine alors que nous venons de vivre un premier mort par règlement de comptes. Le fait que le festival se déplace à la Savine c'est une très bonne chose, cela montre que nous ne sommes pas un "no man's land", on peut faire des choses, créer des événements. Il se passe énormément de bonnes choses ici". 
Claquements de doigts, applaudissements autour du thème intitulé Yémen devant la façade graffée du B Vice. Le public participe activement aux improvisations, les voix des intervenants se mêlent à celles des amateurs. Une ronde de sourires saluent la performanceA la toute fin, Solyslame un texte intitulé Armées du béton armé, accompagné par des chœurs mélancoliques. Raphaël Imbert joue du saxophone entrecoupé dans le slam. 
Blocs de béton barbouillés à la bombe
Bouchant le bleu de l’horizon mis au ban du monde
Tours de Babel délabrés bravant la tempête
Banlieues Nord bariolées de barreaux aux fenêtres
Bienvenue dans le berceau des braves cœurs sans grade.
Ce mot de bienvenue plutôt sombre est une invitation paradoxale à la rencontre. En écho, après l'événement, une petite scène en fait l'illustration. Dans un coin, la violoniste japonaise Chikako Hosoda initie un puis plusieurs enfants à son instrument. Un groupe se forme, la musique passe.

Les improvisations musicales se poursuivent ce dimanche 15 Juin, à 11 h à Encagnagne, au Jas de Bouffan à Aix-en-Provence. 
Par Mariama Hassani, le 13 juin 2014



MAIS :



La mairie d'Aubagne interdit des artistes "pornographiques"(*)

Aubagne n'accueillera pas la 13e édition du Festival international d'Art singulier. La municipalité refuse d'exposer les oeuvres jugées pornographiques de deux artistes. En signe de contestation, la compagnie d'Art singulier en Méditerranée, organisatrice de l'événement, a décidé de l'ajourner.
"L'Amour", de Marie Morel
"L'Amour", de Marie Morel
Marie Morel
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"Des baisers, des amours, de l’accouplement, des fantasmes, de l’homosexualité, du bondage, des jeux érotiques, de la sexualité chez les personnes très âgées, de la sodomie, du S.M..." Ainsi Marie Morel présente-t-elle son oeuvre intitulée "l'Amour", qui se veut un manifeste sur l'érotisme. Elle devait être exposée à la chapelle des Pénitents noirs à partir du 26 juillet prochain, à l'occasion de la 13e édition du Festival international d'Art singulier. Seulement voilà, après deux années de travail sur la programmation artistique, la compagnie d'Art singulier en Méditerranée a préféré ajourner l'événement dont elle avait la charge. En cause, le refus de la nouvelle municipalité UMP d'Aubagne d'accueillir deux oeuvres dont "l'Amour" de Marie Morel et "la Machine à accoucher" du plasticien Demin.
De mémoire de Danielle Jacqui, commissaire artistique du festival depuis son origine, un tel pataquès n'avait jamais eu lieu avant. Même lorsqu'il avait fallu déménager le festival à Aubagne en 2000, lorsque la municipalité de Roquevaire - passée à droite - avait considérablement raccourci la subvention. Cette fois, les organisateurs et les artistes concernés crient à la censure. Michèle Guérin, commissaire de l'exposition ne décolère pas : "en vingt-trois ans de métier je n'ai jamais vu ça. Le service culturel de la mairie nous a d'abord expliqué que l'oeuvre de Demin, la "Machine à accoucher" n'offrait pas la meilleure vision de la femme. Puis il nous a été signifié qu'il ne serait pas possible de présenter les oeuvres de Marie Morel. Ensuite, du personnel municipal a été envoyé sans prévenir à l'imprimerie où devait être édité le catalogue de l'exposition afin de visionner les oeuvres montrables. "

"Mis à l'index"

Dans un communiqué de la compagnie organisatrice, il est précisé que "l'attribution de la subvention de la Commune d'Aubagne ainsi que la mise à disposition des lieux d'exposition étant subordonnés à l'assurance de la non participation de ces artistes mis à l'index", la décision d'ajourner le festival a été prise ce mercredi. "La Ville se prive de grosses retombées économiques", déplore Michèle Guérin. Danielle Jacqui, elle, a préféré démissionner après avoir"tout sacrifié" pour cette manifestation. Choquée par l'interdiction d'exposer des oeuvres, elle était pourtant opposée à l'annulation. "Près de 50 artistes ont bloqué leur été pour participer. Je pensais que l'on pouvait maintenir le festival et créer un off avec les oeuvres interdites. Il aurait fallu arriver à un consensus. Ce n'est pas au politique de décider de l'art singulier. Mais on ne peut pas partir comme ça en guerre." Le Théâtre Toursky de Marseille et d'autres lieux ont bien proposé d'accueillir les oeuvres rejetées, mais pour Michèle Guérin, "on ne pouvait plier et accepter qu'une équipe municipale vérifie la programmation artistique".
"C'est très violent, réagit l'artiste peintre Marie Morel qui écrit un texte pour expliquer sa démarche artistique. On a entendu que l'oeuvre de Demin était obscène. Quant à mon oeuvre, elle est érotique mais il était possible de placer un panneau d'avertissement devant." Le plasticien Demin estime que son oeuvre présente un caractère brutal : "ma machine est à taille humaine, bouge et il n'y a pas de distance avec le spectateur. Mais une oeuvre n'est pas là pour être belle, elle est un marqueur de son temps. J'ai fait le choix d'exprimer ma vision du monde d'aujourd'hui, avec toute sa souffrance."

"Censure" versus "droit de l'enfant"

L'artiste regrette surtout ne pas avoir eu l'occasion d'expliquer sa démarche à la municipalité :"ma machine a pour but de dénoncer l'absence du droit à l'avortement dans des pays où des femmes sont violées. C'est très hypocrite de se prétendre choqué par des oeuvres, et à côté de ne pas l'être par la réalité." Du côté de la mairie, on se défend de toute censure. Philippe Amy, délégué à la culture assure déplorer cette annulation. "Nous voulions vraiment faire ce festival. J'ai pris le temps de recevoir longuement les organisateurs et de regarder le catalogue. Nous sommes éclectiques dans notre culture, mais en parallèle, nous avons le souci de proposer des expositions qui peuvent s'adresser à un large public. Ces deux oeuvres présentent un caractère pornographique. Elles posent problème. On nous a opposé le droit à la création artistique pour ne pas dire "censure", mais moi je lui oppose la thèse du bon sens et du droit de l'enfant".
Tout en réaffirmant son attachement à l'éclectisme artistique, l'adjoint à la culture ajoute cependant : "ces oeuvres peuvent être exposées dans des galeries, des lieux privés. Pas ici. Nous sommes dans une société où tout est permis". Quant à l'argument du rideau et des panneaux explicatifs visant à avertir les parents, Philippe Amy le rejette catégoriquement : "Nous sommes dans un lieu public, financé par l'argent public, nous n'allions pas non plus dépêcher, tant qu'à faire, un agent municipal devant les oeuvres !"
Les artistes comprennent d'autant moins cette réaction que leurs oeuvres, rappellent-ils, ont déjà été exposées à plusieurs reprises en France et à l'étranger. Notamment celle de Demin, au salon du Parc Chanot en 2013. "Cela avait créé la polémique, mais suite à cela, j'ai été invité en Tunisie au Forum Social mondial pour représenter les artistes français. Et je suis refusé à Aubagne. Cela frôle l'absurdité". Le festival pourrait bien avoir lieu à l'automne 2014 ou à l'été 2015 sur une ou plusieurs communes du Pays d'Aubagne et de l'Etoile. Il pourrait notamment revenir, comble de l'ironie, à son lieu de naissance 25 ans plus tôt, à Roquevaire.
Par Elodie Crézé, le 13 juin 2014

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