mardi 3 juin 2014

Michèle Hui est décédée le matin du lundi 2 juin à Marseille. Cette militante retraitée CFDT devait participer au 48e congrès. Elle était membre de l’Union régionale des retraités de Haute-Normandie, secrétaire générale de l’Union du secteur interprofessionnel de Rouen-Elbeuf et membre de l’Union régionale interprofessionnelle. Elle avait été secrétaire générale de la Fep régionale et membre de la CCO (Commission confédérale d’organisation). Au cours de sa carrière syndicale, elle avait formé des centaines de militants normands. Michèle avait trois enfants.

Congrès de Marseille : la crise au cœur des interventions

PUBLIÉ LE 03/06/2014 À 17H59par Didier Blain
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Près de 80 militants se sont succédé à la tribune du 48e congrès de la CFDT ce mardi 3 juin, avant le vote sur le rapport d’activité qui aura lieu demain.
Lors de ce dernier round des interventions des syndicats, les moyens humains et financiers nécessaires à leur fonctionnement ont constitué un enjeu central. « Il faut fabriquer des délégués syndicaux de combat. Nous devons être des guerriers ! », assène Khaled Boughanmi secrétaire du Syndicat de la métallurgie du Rhône depuis à peine un an. Il n’a pas hésité à exprimer avec humour les besoins des militants, notamment en matière de formation. Très applaudi, le métallurgiste a séduit la salle par sa pugnacité, à qui il a fait scander « Honte à toi Gattaz ! », à propos de la proposition du président du Medef sur un Smic transitoire.
Plébiscitée également, Zita Cabai- Obra, du Syndicat des salariés du particulier employeur d’Île-de-France, a porté la voix de ces « femmes et hommes invisibles », trop souvent confrontés au travail au noir. Grâce au syndicat, 80% des demandes de régularisation ont abouti pour ces travailleurs, qui sont souvent d’origine étrangère et sans papiers. Face au travail dissimulé, « on peut obtenir gain de cause », a souligné Zita Cabais-Obra en citant plusieurs batailles juridiques.
Plus de fermeté vis-à-vis du gouvernement et du patronat
Cet après-midi fut aussi marqué par l’intervention de Jean-Marc Bailleul, du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Cette organisation, qui représente majoritairement les officiers et commissaires de police, avec plus de 5 000 voix au cours des dernières élections, a rejoint la CFDT début 2014. Revendiquant la nécessité de faire évoluer la sécurité, Jean-Marc Bailleul a annoncé sous les applaudissements que son syndicat avait saisi le Comité européen des droits sociaux afin que les militaires de la gendarmerie puissent enfin se syndiquer.
De nombreuses interventions ont mis en avant la volonté d’exprimer une grande fermeté vis-à-vis des organisations patronales et du gouvernement. Les dirigeants du pays lâchent trop de lest alors que les employeurs tardent à tenir leurs engagements concernant le financement du futur compte pénibilité ou en matière de créations d’emplois. « Il est insupportable que les instances représentatives du personnel deviennent le bouc émissaire de la non création d’emploi », a vivement dénoncé Luc Mathieu, de la Fédération banques-assurances, à propos du gel des seuils sociaux envisagé par le ministre du Travail François Rebsamen. Si cette proposition est positivement accueillie par certains représentants patronaux, « ce n’est pas pour favoriser les embauches, mais c’est parce qu’ils refusent le dialogue social », a déploré Luc Mathieu, acclamé par la salle.
 La loi d'adaptation de la société au vieillissement en question
Présenté ce même jour en Conseil des ministres, le projet de loi d'« adaptation de la société au vieillissement » était au cœur des nombreuses interventions des unions territoriales de retraités. Nombre de propositions, portées par la CFDT seule, ont été reprises dans ce projet de loi. Un autre exemple de la combativité d’une organisation qui sait s’appuyer sur la complémentarité entre salariés et retraités pour établir un rapport de force constructif.

À l’instar de Patrick Massard, secrétaire général de la Fédération générale de l’agroalimentaire, toutes les interventions de cette matinée ont regretté « le contexte anxiogène » dans lequel s’est déroulée la mandature. Malgré cette crise, la CFDT a obtenu des avancées telles que les droits rechargeables pour les chômeurs, la portabilité des droits, le compte pénibilité, la généralisation de la complémentaire santé, etc. « Tout cela mis bout à bout fait système », estime Alain Gatti le secrétaire général de l’Uri Lorraine. Pour autant, la situation économique dégradée est toujours là et continue d'éroder les moyens des syndicats. Jean-Marie Robert du Syndicat du personnel de l’énergie atomique (SNPEA) de Marcoule soulignait le risque de « repli des sections syndicales sur elles-mêmes. »
      
    La vidéo des interventions de la matinée (1e partie)   
Les syndicats des différentes fonctions publiques ont fait feu de tout bois contre le gel du point d’indice. Ce fut le cas de Christiane Joho du syndicat des finances (Spacef). Tous ont également dénoncé la Map (Modernisation de l’action publique). « Elle stigmatise les agents et manque de sens », lui reproche Pierric Onillon duSyndicat des finances des Pays de la Loire qui redoute aussi la réforme territoriale à venir. Michelle Raufast Benbakkar du Sgen-Auvergne, quant à elle, décrit précisément la situation de certains recalés de la loi Sauvadet qui instaure un concours spécial permettant aux contractuels d’obtenir une titularisation. Certains de ces salariés sont déclarés « incompétents » après vingt ans de services !
Les agents des fonctions publiques en souffrance
Carmen Tolle, de son côté,assure que « le dialogue social dans la fonction publique, c’est encore le Moyen Âge ». Stéphane Postollec du Syndicat santé-sociaux du Finistère, confirme ce retard « désespérant du dialogue social » dans le secteur de la santé. « Pourquoi ce sont toujours les salariés qui doivent se serrer la ceinture ? Quel politique aura le courage de s’attaquer à l’Ordre des médecins pour que les praticiens s’installent là où il y en a besoin ? On en a assez, c’est nous qui devenons malades », lance-t-il.
      
    La vidéo des interventions de la matinée (2e partie)   
Le gel des pensions prévu en 2015 a aussi été fustigé par les différents intervenants. Henri Chevolleau, de l’UTR 44, dénonce « une baisse du pouvoir d’achat insupportable notamment pour les plus basses pensions ». Il estime qu’il faut rechercher de nouvelles pistes pour une autre revalorisation des retraites et dénonce l’interventionnisme de l’État dans la gestion des retraites complémentaires. Ombretta Frache, de l’Union confédérale des retraités, fait le lien entre les inégalités femmes-hommes au travail qui se poursuivent à la retraite, « les vieux pauvres sont des vieilles », affirme-t-elle.
« Sans culture, ni information pas de démocratie »
À la suite d’Ivan Béraud de la F3C qui appelle de ses vœux « un débat public sur la pérennisation du financement de la culture », Christophe Pauly, du Syndicat national des médias, s’est taillé un franc succès en tribune. Il réaffirme l’attachement de la CFDT au secteur culturel : « Sans culture et sans information, pas de lien social ni de démocratie. » Il a aussi rendu un vibrant hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI adhérents CFDT assassinés au Mali en novembre 2013.
Pascal Catto de l’Uri Nord-Pas-de-Calais rend lui aussi un hommage appuyé à « ces délégués syndicaux placés sur le devant de la scène à l’occasion de récents conflits, victimes de la pression interne des salariés, et externe des médias. On ne peut pas les laisser seuls. » Avec Marc Besnault de l’Uri Aquitaine et Alain Gatti, il appelle à un renforcement des moyens des unions régionales.
Enfin, comme ce fut le cas la veille, Gasel, l’outil informatique de gestion des adhésions, a fait l’objet de critiques ironiques et même chantées. Cependant les intervenants ont reconnu avoir enfin été entendus et selon Peter Baudin du Syndicat santé-sociaux de Rouen, et sa région, Gasel pourrait même devenir un « outil formidable ».
  


Minute de silence en souvenir de Michèle Hui
Michèle Hui est décédée le matin du lundi 2 juin à Marseille. Cette militante retraitée devait participer au 48e congrès. Elle était membre de l’Union régionale des retraités de Haute-Normandie, secrétaire générale de l’Union du secteur interprofessionnel de Rouen-Elbeuf et membre de l’Union régionale interprofessionnelle. Elle avait été secrétaire générale de la Fep régionale et membre de la CCO (Commission confédérale d’organisation). Au cours de sa carrière syndicale, elle avait formé des centaines de militants normands. Michèle avait trois enfants.
Laurent Berger a rendu hommage à cette militante en demandant au congrès de respecter une minute de silence à sa mémoire. 

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