mercredi 25 juin 2014

Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI) rejoint la CFDT

Un syndicat de policiers rejoint la CFDT

PUBLIÉ LE 20/06/2014 À 17H30par Jérôme Citron
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Après plusieurs années de discussions, le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure a fait le choix de rejoindre la CFDT dans la perspective d’écrire une nouvelle page de son histoire.
Il n’est pas habituel de voir un syndicat professionnel de policiers applaudi à la tribune d’un congrès de la CFDT, mais ce qui s’est passé à Marseille il y a deux semaines pourrait bien le devenir. Depuis janvier, le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure – et ses quelque 5 000 voix aux dernières élections – a rejoint la CFDT. Après plusieurs années de discussions informelles, le SCSI s’est décidé, lors de sa dernière assemblée générale, à sauter le pas. « C’est un choix courageux car la CFDT n’était jusque-là que peu implantée dans la police », souligne le secrétaire confédéral Patrick Guyot. « Avec les nouvelles règles de représentativité, nous ne pouvions rester isolés », explique Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du SCSI.
Majoritaire dans le corps des officiers de police
   

Une police réformiste
L’arrivée du SCSI est hautement symbolique pour la CFDT, qui était jusqu’à présent très peu présente dans la police nationale. L’objectif consiste à s’appuyer sur cette nouvelle force afin de convaincre l’ensemble des policiers de faire confiance à la CFDT pour les représenter, quels que soient leur grade et fonction.
   
De fait, la loi sur la rénovation du dialogue social de 2010 a profondément modifié les règles de la représentativité syndicale dans les fonctions publiques. Auparavant, les moyens syndicaux étaient alloués en fonction des résultats aux élections professionnelles dans les différents corps de la fonction publique. Majoritaire dans le corps des officiers de police, avec 55 % des voix pour un effectif total de 10 000 agents, le SCSI était incontournable. Avec les nouvelles règles, les moyens alloués aux organisations syndicales ne dépendent plus du résultat dans les corps mais de celui aux élections aux comités techniques paritaires dans les établissements et au niveau ministériel. En résumé, la représentativité (donc les moyens qui l’accompagnent) est mesurée en fonction d’élections qui englobent tous les corps et statuts (fonctionnaires, contractuels). Il était devenu impossible pour un syndicat comme le SCSI – qui organise la représentation d’une très petite partie du personnel sur un effectif global de 140 000 au ministère de l’Intérieur – d’exister seul.
« Une fois les nouvelles règles votées, nous avons rapidement été courtisés », fait remarquer malicieusement Jean-Marc Bailleul. Le choix du SCSI de rejoindre la CFDT n’était pas évident. D’une part, le syndicat était affilié à l’Unsa ; d’autre part, les autres organisations syndicales, et notamment FO (première organisation syndicale dans la police et à l’Intérieur), étaient aussi prêtes à les accueillir. « Il aurait sûrement été plus confortable de rejoindre FO, mais nous avons choisi la CFDT, notamment pour son autonomie vis-à-vis des partis politiques. C’était capital aux yeux de nos adhérents car cela nous distingue des autres syndicats, traditionnellement très politisés, explique Jean-Marc Bailleul. Nous avons également été séduits par la volonté de la CFDT de construire un pôle réformiste au sein de la police, une alternative aux deux blocs actuels que constituent FO et la CFE-CGC. » Le SCSI, qui a déjà entamé un travail avec les syndicats de magistrats, voyait aussi d’un bon œil la possibilité de travailler avec les syndicats CFDT de la justice et de la préfecture. « Le rapprochement a pris plusieurs années, précise Marie-Odile Esch, secrétaire générale d’Interco-CFDT. Nous avons appris à nous connaître et pu constater que nous partagions les mêmes valeurs. En interne, à la fédération, il a fallu ce temps pour convaincre que l’arrivée d’un syndicat professionnel avec des pratiques différentes des nôtres ne mettait pas en danger notre propre syndicalisme. »
Un gain de cohérence et de légitimité
Pour la CFDT, implantée au ministère de l’Intérieur, à la Justice et auprès des policiers municipaux, accueillir ce syndicat était extrêmement important afin de gagner en cohérence et en légitimité. « Nous allons pouvoir conduire une réflexion globale sur toutes les questions liées à la sécurité dans notre pays, souligne Marie-Odile. Avec le SCSI, nous partageons une même conviction : il faut cesser d’instrumentaliser les questions de sécurité à des fins politiques et mettre un terme à la guéguerre entre police et justice. »
Vu l’enjeu, toute la CFDT, jusqu’au plus haut niveau, s’est mobilisée afin que le mariage puisse être célébré. Laurent Berger a pesé de tout son poids pour lever les dernières réticences de part et d’autre. « Il était fondamental que la CFDT nous laisse une grande autonomie dans un premier temps, explique Jean-Marc Bailleul. Le syndicalisme dans la police est très spécifique, il s’agit d’un syndicalisme de service. Toute la profession est syndiquée. Nous avons donc presque autant d’adhérents que d’électeurs. S’ils ne sont pas satisfaits du service rendu, nos adhérents peuvent partir à la concurrence. Il était donc hors de question de les brusquer en modifiant du jour au lendemain notre organisation pour coller à celle de la CFDT. »
Côté Interco, il a fallu faire preuve de souplesse et, surtout, donner du temps au temps. « Maintenant que nous nous sommes dit oui, nous allons tout mettre en place pour que ce mariage dure, plaisante Marie-Odile. Il y aura forcément un temps d’adaptation, mais cela ne devrait pas poser problème : nous avons prévu une période transitoire favorisant l’intégration du tout nouveau SCSI-CFDT. »
   

Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI)
• Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure s’adresse à l’ensemble des officiers de police, qu’ils soient en civil ou en tenue, et, plus récemment, aux commissaires.
• Lors des dernières élections au sein du corps des officiers (85 % de participation), le SCSI a obtenu 55 % des voix.
• Dans un secteur où le taux de syndicalisation est très élevé, le nombre d’adhérents correspond peu ou prou au nombre d’électeurs.
  

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