mardi 24 juin 2014

Des nouvelles de nos cousins de la Ville de Marseille par Marsactu :"MAUVAIS TAM TAM A LA MAIRIE DE MARSEILLE"

 Publié par Xavier Monnier dans Marsactu 
2014-06-24 

il y a environ 11 heures
Une juge d'instruction mène l'enquête dans le service du parc automobile de la ville, bastion de Force Ouvrière. Un résumé des dysfonctionnements de l'administration municipale.
Prompte à monter au front pour défendre l'image de la ville, son boom touristique et culturel, ou à organiser les célébrations de son écrasante victoire aux dernières municipales, l'équipe de Jean-Claude Gaudin se fait discrète dès lors que ses coulisses sont évoquées. « On s'organise, ce n'est pas une période de polémique, s'agace un intime de Jean-Claude Gaudin. A la Communauté urbaine, Teissier et son cerveau Lionel Royer Perraud se mettent en ordre de marche. On peut bien les laisser dire "moi je" on ne va pas s'en plaindre. Ils ont toutes les emmerdes, tous les problèmes (Marseille Provence Métropole a la haute main sur la voirie, la propreté, les transports, ndlr).» Et de botter en touche à l'évocation de l'ombre judiciaire qui plane sur le service du Parc Automobile, ses 2200 et quelques véhicules, dont 800 voitures particulières, ses millions d'euros de budget et de marchés publics. «Je ne connais pas le dossier, mais je crois savoir qu'il y a un problème de management. Le chef de service a voulu mettre les gens au travail et s'y est mal pris». Doux euphémisme... sur lequel aucune voix officielle ne veut s'épancher que ce soit auprès de Bakchich ou du mensuel Le Ravi, qui a consacré une page à l'affaire dans son édition de juin. Appels, messages téléphoniques, textos et courrier électroniques adressés à tous les directeurs de la ville concernés comme au syndicat majoritaire, la toute puissante Force Ouvrière, rien n'y fait. L'administration marseillaise se tient coite au moment d'évoquer la situation de l'un de ses services emblématiques, plus connu sous son ancienne appellation de Tam (Transports automobiles municipaux). L'ex-Tam renvoie pourtant depuis des années un si mauvais écho que la juge d'instruction Anne Tertian a été saisie par le parquet de Marseille d'une information judiciaire pour harcèlement moral, dégradations des conditions de travail, pouvant porter atteinte aux droits, à la santé, à la dignité ou à l'avenir professionnel. Le dossier, ouvert contre X, pourrait s'élargir très loin, tant les 7 plaignants, que la magistrate a invité à sa constituer partie civile le 2 juin dernier ont alerté les pontes de la ville des brimades qu'ils ont eu à subir au sein du SPA.
UNE SAINE AMBIANCE DE TRAVAIL
L'histoire de chien démarre en 2010 par un simple changement à la tête du service.
Ancien militaire, Olivier Proisy (1) succède alors à Paul Antomarchi. Comme de coutume en pareille occasion le nouveau patron s'entoure d'une nouvelle équipe, place autour de lui ses hommes et femmes de confiance... sans grand ménagement pour les anciens agents, notamment les fonctionnaires qui ont la main sur les marchés publics. Refus de congés, de promotions, de formation au nouveau logiciel Pégase nécessaire à la saisie des informations, pertes de responsabilités, rapports vexatoires et négatifs s'enchaînent dans le département, assortis de quelques remarques bien senties envers la gent féminine. «De toute façon ce ne sont que des compléments de salaires» s'entendent répondre les agents, quand ne leur est pas reproché leurs absences pour maladies...Une sorte de liste à la Prévert du harcèlement qui installe une saine ambiance de travail dans un département qui, en 2010, a déjà connu un suicide. Un nouveau drame est évité de peu en septembre 2012 quand, après une menace de rapport disciplinaire de Proisy, envoyé par courriel, un cadre attente à ses jours de retour à sondomicile. Un mois après, une première plainte est déposée pour harcèlement moral à la Brigade de sûreté urbaine Nord, rapidement complétée par trois autres plaintes. Des témoignages suffisamment caractérisés et structurés sur les agissements de la direction du Tam pour que le parquet lance une enquête préliminaire et surtout, mandate des expertises psychologiques auprès des plaignants dès le mois de novembre suivant.
ALERTES IGNOREES A LA MAIRIE
Les rapports, que Bakchich a pu consulter, concluent tous à «l'existence de stress post traumatique lié au travail». Comprendre que les victimes ne fabulent pas. Entendu par la police, l'ancien chef de service Antomarchi se dit «déçu du comportement» de son successeur et avoue son «erreur d'avoir soutenu» sa promotion. Auditionné le 24 janvier 2013, Olivier Proisy, lui, nie les faits tout en accablant les plaignants «au mauvais caractère». Une perquisition dans les locaux du service du parc automobile plus tard, au printemps 2013, le directeur général des services lui-même, Jean-Claude Gondard a été invité à donner sa version des faits en juin aux services de polices. Une audition qu'il a, selon des indiscrétions judiciaires, particulièrement mal vécu.

Fidèle d'entre les fidèles du maire Jean-Claude Gaudin, Gondard a en effet mouillé sa chemise pour le directeur de l'ex-Tam
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LE SOUTIEN DU DGS, INTIME DE GAUDIN

Par exemple lors de la commission administrative paritaire du 20 décembre 2012 dont Bakchich a obtenu le procès verbal. D'ordinaire réservée aux promotions des agents et autres avancement, la séance s'est tendue quand l'avancement d'Olivier Proisy a été soumis aux délégués. Quand le syndicat SDU 13 s'est ému des «procédures en cours», Jean-Claude Gondard a prestement coupé court aux débats, soulignant «les difficultés inhérentes à l'exercice des responsabilités dans un tel service». En pleine enquête judiciaire, sa promotion a été maintenue, sur demande du DGS et avec l'approbation de la garde rapprochée du maire, présente à la réunion…
Sans doute l'une des raisons du silence de la mairie. Si elle ne peut être tenue pour pénalement fautive, elle est civilement responsable du sort de ses agents qu'elle ne bichonne guère.
Les plaignants n'ont ainsi pas bénéficié de la protection fonctionnelle qu'elle doit, légalement, accorder à ses employés. Le représentant syndical de la SDU qui le soutient a dû, lui, attaquer la Ville devant le tribunal administratif afin de pouvoir exercer ses droits syndicaux, quand l'agent qui a attenté à ses jours s'est vu en fin d'année dernière, reconnaître son acte comme un accident de travail. Une lutte acharnée devant la justice administrative qui promet de faire des étincelles au pénal.

UN SYNDICAT EN PORTE A FO

Bouclée en septembre dernier, l'enquête préliminaire a été si riche qu'une information judiciaire a été ouverte à l'automne, avant- valse des juges oblige- d'atterrir au printemps sur le bureau
d'Anne Tertian. Qui a hérité d'un dossier fort sensible. Au plan humain bien évidemment. Mais également au plan politique.
Olivier Proisy n'a caché auprès de ses subordonnées ni son appartenant à Force Ouvrière, ni sa proximité avec nombres d'élus de la majorité municipale. Surtout, les supérieurs de Proisy au sein de l'administration, que ce soit à la direction de la logistique ou des ressources humaines, ont tous été alertés de ses agissements. Tout comme la hiérarchie de Force Ouvrière.
A la tête d'un département en charge du parc automobile, avec ses voitures, ses cartes essences et son garage, «il a rendu service à beaucoup de monde et se croit intouchable», ose l'un des plaignants.
«Au service des marchés, sitôt que nous nous opposions à ses décisions, les brimades commençaient», témoigne un autre, qui liste. Candidatures aux appels d'offres acceptés hors délais, voitures commandées avant même la publication de l'appel d'offres, des pièces détachés qui disparaissent sitôt arrivées, voitures particulières réparées par les agents municipaux (2). Sans compter les voitures envoyées «à la réforme» (à la casse) parce que le service des achats a omis de commander les composants les plus simples. Du gâchis d'argent public, des souffrances humaines, un silence des responsables. L'ancien Tam, un résumé des errances de la municipalité marseillaise?

Commentaires de marsactu : (1) joint par mail et sur son portable, Olivier Proisy n'a pas retourné nos appels 
(2) Olivier Proisy a attaqué en diffamation le magazine syndical Puzzle qui a évoqué des soucis sur la gestion du SPA dans un de ses numéros. Le procès doit se tenir le 11 septembre prochain


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