Publié le dimanche 14 février 2010 à 09H dans "la Provence "
Parés des chasubles de la CFDT, les grévistes d'Ikea à LaValentine ont distribué des tracts à l'entrée du parking.
Ils le scandent, mais plus par humour que par véritable colère: "Ikea, meubles en kit, salaires en bois". Ils étaient une dizaine de grévistes, hier matin, devant le magasin d'ameublement de La Valentine à Marseille, qui compte 290salariés. Parés des chasubles de la CFDT (syndicat le plus important du site), ils ont limité, par un froid polaire, leur action à la distribution des tracts à l'entrée du parking.
Avec FO et la CGT au niveau national, ce syndicat avait lancé un appel à la grève dans les 26magasins de France. Résultat: sur près de 9000 employés, 330 grévistes selon la direction, entre 800 et 1500 dans 22 magasins, selon le bureau parisien de la CGT, qui estime ce mouvement "sans précédent". À Marseille ? "Entre 5 et 10%", selon Serge Nardelli, secrétaire général "Commerce et service" de la CFDT-13. "5%", affirmait le directeur du site, Marcel Obeid. Et "zéro pour cent", selon Olivier Fournier, son homologue du magasin de Vitrolles, devant lequel aucune trace de conflit social n'était visible (1). Le problème, on le sait, c'est qu'il y a un grain de sable dans le modèle social de l'enseigne suédoise, empreint de social-démocratie paternaliste. Les salariés réclamaient 4% d'augmentation, la "restitution" du 14e mois, et des primes intempéries pour ceux qui travaillent en extérieur.
Après les vicissitudes, blocages et heurts de ces dernières semaines, la direction a fini par proposer 2% dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, 1% pour l'ancienneté et 1% pour les salaires les plus bas. Soit 4%. Mais Henri Bru, secrétaire de la section CFDT de La Valentine, fait sien l'adage qui veut que les statistiques sont l'art de mentir avec précision: " La direction noie le poisson en parlant de moyenne. Si elle t'augmente Durand de 8% et Dupont de 0%, ça fera bien 4% en moyenne, mais Dupont n'y trouvera pas son compte". 1200 € mensuels après trois ans d'ancienneté Et c'est peut-être là où le bât blesse.
La nouvelle direction des ressources humaines d'Ikea entend en effet insister sur les augmentations "au mérite" au détriment des augmentations collectives. Et ça ne passe pas dans cette enseigne où la culture d'entreprise, extrêmement forte et prégnante, stipule par exemple le "droit à l'erreur" des salariés. "Moi, avec trois ans d'ancienneté, je gagne 1200€ mensuels, mais je suis polyvalent : je ramène les caddies du parking, je passe derrière la caisse, je réceptionne la marchandise, je délivre les achats, relate un employé prénommé Gaylord. Attention, je ne veux pas faire du tort à la boîte, mais je souhaite gagner plus", dit-il. Serge Nardelli, lui, explique que pour atteindre une rentabilité à deux chiffres, Ikea fait pression sur les salaires.
Marcel Obeid, qui "entend" les salariés ("Ikea est la seule entreprise à faire annuellement une enquête de satisfaction de ses collaborateurs", dit-il) détaille leurs avantages : "Le plus petit salaire est de 2300€ par an de plus que le Smic; l'intéressement et la participation représentent deux mois de salaires ; la mutuelle est de 30€ par mois ; le repas pris à l'entreprise est inférieur à 2,50 €", détaille-t-il. Les négociations annuelles obligatoires sont terminées mais direction et syndicats ont rendez-vous demain pour tenter de colmater un modèle de management un brin écorné.
(1) La CFDT "réfléchit" à un appel à la grève à Vitrolles samedi prochain.
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