mardi 23 février 2010

RAFFINERIES:CGT et CFDT ont appelé à la suspension de la grêve chez TOTAL en raison "d'avancées significatives"

Après sept jours de grève dans les raffineries, pour protester contre la fermeture envisagée du site de Dunkerque, une issue pourrait être en vue.La direction s'est engagée sur cinq ans à ne fermer aucune raffinerie, selon la CGT, mais cet engagement ne concerne pas Dunkerque, a indiqué le ministre de l'Industrie Christian Estrosi.
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La CGT a appelé soir à la suspension de la grève chez Total en raison des "avancées significatives" obtenues lors des négociations avec la direction, au siège du groupe à La Défense. La direction et les syndicats, après neuf heures de négociations, sont arrivés à un "relevé de conclusions" qui "sera soumis à la signature des organisations syndicales", a-t-on appris auprès des deux parties. De même, FO appelle à la suspension du mouvement, a indiqué son négociateur, Claude Maghue. En revanche, le représentant de Sud, Philippe Wullens, a exclu que son syndicat, majoritaire à Dunkerque, appelle à une reprise de l'activité dans cet établissement.Les assemblées générales de salariés, pour décider de la levée de la grève ou de la poursuite du mouvement, se tiendront dans chaque raffinerie mercredi entre 12H00 et 14H00, a indiqué la CGT.La direction de Total "est prête à s'engager sur un plan d'investissement sur les cinq ans qui viennent" qui n'impliquera "aucune réduction de capacités, fermeture ou vente de raffinerie sur cette période", a déclaré Charles Foulard (CGT) à la presse, lors d'une suspension de séance.Mais cet engagement ne concerne pas la raffinerie de Dunkerque (Nord), a confirmé Christian Estrosi. Il a ajouté qu'une table ronde sur l'avenir du raffinage en France serait prochainement organisée par le gouvernement, ce que demandaient les syndicats. "L'Etat prendra l'initiative au deuxième trimestre d'une table-ronde sur l'énergie dans notre pays", a déclaré le ministre à l'Assemblée nationale.La direction a fait état d'"avancées très importantes". Les syndicats de Total n'appelleront toutefois pas à la reprise du travail tant que le gouvernement n'aura pas officialisé la tenue d'une table ronde sur l'avenir du raffinage en France et que le groupe n'aura pas accepté de payer les jours de grève, a annoncé la CGT.Le mouvement de grève avait été reconduit lundi après-midi par les salariés du secteur raffinage de Total.Le président Nicolas Sarkozy a demandé mardi au directeur général du groupe Total des engagements sur le maintien des capacités de raffinage.Le mouvement suspendu chez ExxonMobilLa CGT d'ExxonMobil a décidé mardi de suspendre son mouvement de grève de 24h dans les raffineries de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Port-Jérôme (Seine-Maritime), en raison d'avancées dans l'organisation de discussions à Paris sur l'avenir du raffinage en France.Le syndicat avait appelé à une grève qui devait commencer mardi après-midi sur les deux principaux sites français d'ExxonMobil, en solidarité avec les salariés de Total, et réclamer la tenue d'une table ronde sur les problèmes du raffinage en France.Le personnel de Port-Jérôme a voté la "suspension" du blocage surprise imposé à 5h mardi sur le dépôt de carburants du site.Près de 250 stations-service Total en rupture de carburantJean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip, adhérente du Medef) a assuré mardi sur BFM radio que la France disposait encore de sept à dix jours de réserve et a prié les automobilistes de ne pas céder à la panique. "Aujourd'hui, on n'a pas de pénurie, on a autant de carburant qu'on en veut. Mais c'est vrai que si cette situation se prolonge, cette situation tendue va conduire en gros à des problèmes vers la fin de la semaine prochaine", a-t-il dit.La France possède douze raffineries, dont les six de Total où l'activité a cessé, et 2.600 stations dont 249 étaient à court d'au moins un carburant mardi matin. "Ce chiffre évolue en permanence, en fonction des réapprovisionnements qui sont faits", a précisé Total. Une dizaine de dépôts sont aussi bloqués.Un appel à la grève a également été lancé dans deux raffineries du groupe américain Exxon Mobil en Seine Maritime et dans les Bouches-du-Rhône, et à celle du groupe britannique Ineos à Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône.La grèveLundi, la FCE-CFDT a annoncé qu'elle demandait l'arrêt du mouvement de grève, jugeant comme une "avancée" l'annonce de la tenue avancée du CCE extraordinaire le 8 mars.A la raffinerie Total de Feyzin, les salariés étaient divisés à propos d'une reprise du travail mais unanimement pessimistes pour leur avenir: "Si on ne se bat pas, dans vingt ans on visitera des musées sur les sites de production", résumait l'un d'eux. La raffinerie de Feyzin, dans l'agglomération lyonnaise, où la CFDT est majoritaire, avait été la première à voter une grève illimitée le 17 février. Ses salariés devaient se prononcer mardi pour ou contre la reprise du travail après que la direction eut accepté lundi, sous la pression de l'Elysée, d'avancer au 8 mars une réunion cruciale au sujet de l'avenir du site de Dunkerque, à l'origine de la grève dans les six raffineries du groupe.En revanche, la CGT du groupe Total, majoritaire, a indiqué lundi que la décision d'avancer au 8 mars un comité central d'entreprise était "insuffisante" pour appeler à la suspension de la grève dans les six raffineries Total de l'Hexagone. Elle a également demandé une extension du mouvement aux installations des autres groupes pétroliers. Ce qui pourrait désorganiser complètement l'approvisionnement en essence.La CGT se réserve donc le droit d'appeler dès mercredi matin à la grève les salariés du site pétrochimique du groupe britannique Ineos de Lavéra (Bouches-du-Rhône) où elle est majoritaire, a-t-on appris après du secrétaire (CGT) du comité central d'entreprise Gérard Guerrero.Après ceux de Dunkerque, depuis un mois, les salariés des cinq autres raffineries Total -Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) - sont en grève depuis mercredi à l'appel de la CGT, Sud, la CFDT et FO. Total assure environ la moitié de l'approvisionnement des stations-service françaises.Les transporteurs routiers inquiets pour l'approvisionnementLes organisations de transporteurs routiers se sont inquiétés lundi de la grève au sein du groupe pétrolier Total, évoquant des difficultés d'approvisionnement et une augmentation des prix des carburants.La grève occasionne "des tensions, voire dans certaines régions des difficultés d'approvisionnement", en particulier dans le grand Nord et progressivement dans l'Ouest, a déclaré à l'AFP Jean-Paul Deneuville, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR).L'organisation patronale constate par ailleurs une "envolée des prix", qu'elle évalue à cinq centimes supplémentaires le litre pour le gazole entre le début et la fin de semaine dernière. Les livraisons de carburant en vrac sont plus touchées encore par la grève que les stations-service, souligne Jean-Paul Deneuville. "S'il n'y a plus de carburant, il appartient aux préfectures de réquisitionner", a-t-il ajouté.Le ministre de l'Industrie cherche à rassurer"Il y a des mouvements d'achats dans les stations-essence depuis hier", a déclaré à Reuters Jean-Louis Schilansky, le président de l'Ufip (Union française des industries du pétrole), en estimant à sept jours les stocks disponibles. "Le gouvernement prendra des dispositions pour que la France ne soit pas bloquée", a assuré lundi le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi. Le ministre a exigé la réouverture immédiate de négociations entre la direction de Total et les salariés, tout en demandant aux grévistes de "respecter et de ne pas prendre en otage" les Français qui travaillent.Les déclarations- Le PDG de Total Christophe de Margerie, reçu par le ministre de l'Industrie Christian Estrosi, a promis de compenser la très probable fermeture de la raffinerie de Dunkerque, à l'origine du conflit, en maintenant une activité industrielle sur le site. 370 salariés y travaillent, sans compter 400 à 450 personnes qui travaillent chez les sous-traitants. Aucune autre raffinerie du groupe n'est menacée de fermeture, a confirmé Christophe de Margerie. Le DRH du groupe, François Viaud, a répété dimanche qu'il n'y aurait "aucun licenciement" et a confirmé l'organisation d'une série de tables rondes, au niveau local, du groupe et au plan national, sur l'avenir du bassin de Dunkerque et du raffinage pétrolier.- Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, a dénoncé lundi "l'irresponsabilité sociale, environnementale et industrielle de Total" et "l'irresponsabilité politique d'un gouvernement sans vision d'avenir ni politique industrielle". Pour Cécile Duflot, "il faudrait plutôt que l'Etat exige de Total que ses 8 milliards de bénéfices soient mobilisés" notamment "pour assumer ses responsabilités sociales et environnementales en maintenant aujourd'hui l'emploi dans ses raffineries", "préparer l'avenir et assurer la reconversion de ses activités et de ses salariés" ainsi qu'"investir localement dans les nouveaux secteurs de l'énergie renouvelable".

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