vendredi 28 août 2009

Rentrée sociale : Bernard Thibault et François Chérèque affichent leur unité

Rentrée sociale : Bernard Thibault et François Chérèque affichent leur unité
LE MONDE 28.08.09 10h55


La pré-rentrée sociale s'est faite, jeudi 27 août, sous le signe de l'entente cordiale des secrétaires généraux des deux principaux syndicats français, la CFDT et la CGT. Alors que la crise continue de produire ses effets, avec l'augmentation du chômage, la multiplication des plans sociaux, François Chérèque et Bernard Thibault, tous les deux à l'avant-veille de leurs congrès respectifs – la CGT tiendra le sien en décembre et la CFDT en juin 2010 –, ont voulu afficher leur complicité en débattant de "l'avenir du syndicalisme".
Le numéro un de la CGT a répondu à l'invitation de son homologue à l'occasion de l'université d'été de la CFDT – une première qualifiée de "signe politique" –, qui s'est tenue à Boissy-la -Rivière (Essonne), du 25 au 28 août.
Ambiance décontractée, joutes humoristiques, sur l'essentiel, les deux hommes ont affiché leurs convergences. Ils ont aussi manifesté leurs inquiétudes sur la situation sociale, François Chérèque insistant sur le sort des jeunes qui arrivent sur le marché du travail.
Pour autant, hormis des mobilisations possibles dans certains secteurs comme l'éducation nationale – une réunion entre les syndicats d'enseignants se tenait vendredi – ou à La Poste, rien n'est encore annoncé comme échéance nationale de manifestation.
Après six journées d'action depuis le début de l'année, dont les dernières ont connu une mobilisation faible, les huit syndicats qui avaient fait causse commune (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Solidaires, UNSA, FSU) cherchent le moyen de rebondir, alors que le front syndical donnait avant l'été des signes de faiblesse.
"TRAVAIL DÉCENT"
Dans l'attente de la réunion de l'intersyndicale dont la date n'est pas encore arrêtée, les responsables de la CGT et de la CFDT ont rappelé leur volonté de se mobiliser le 8octobre, à l'appel de la Confédération syndicale internationale (CSI) pour défendre le "travail décent".
Ils ont aussi souhaité le maintien du cadre unitaire qui a permis l'organisation des journées d'action avant l'été. Mais quel est l'avenir de l'intersyndicale, dont les dernières initiatives, en mai et juin, avaient montré leurs limites ? Les postures restent différentes : la CGT insiste sur la nécessité d'une "mobilisation intersyndicale pour obtenir de nouvelles inflexions dans la politique gouvernementale", quand la CFDT met plutôt l'accent sur le fait de "capitaliser et de mettre en œuvre ce qu'on a gagné", précise M. Chérèque.
FO, de plus en plus tentée d'affirmer sa singularité, reste attachée à l'organisation d'une journée de "grève interprofessionnelle de 24 heures". Jeudi, M.Chérèque a exprimé son opposition à une telle grève. "Entre l'enseignant qui fait sa rentrée dans une classe surchargée, l'infirmière qui va devoir gérer une épidémie de grippe A et des salariés qui se retrouvent en chômage partiel, qu'est-ce qui est unificateur ?", s'est-il interrogé.
Reconnaissant que "les manifestations avaient montré leurs limites", M. Chérèque a déclaré que la priorité de la CFDT, était de "mettre des forces sur le terrain pour aider les équipes locales en difficulté".
M. Thibault, quant à lui, a rappelé que "les attentes des salariés étaient fortes à l'égard des syndicats" et s'est inquiété de ceux qui pourraient vouloir la fin du cadre unitaire, visant sans le nommer le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly.
Sans perspective claire de mobilisation nationale, les syndicats sont confrontés au même défi que le gouvernement : le risque d'embrasement d'un conflit local. A cet égard M. Thibault cherche à calmer le jeu. Pris à parti cet été par Xavier Mathieu, délégué CGT à Continental qui l'avait traité de "racaille" et lui avait reproché son absence lors du conflit, le numéro un de la CGT a déclaré qu'il "ne répondrait pas aux insultes". Mais comme son homologue de la CFDT, il a dit comprendre la colère des salariés.
M. Thibault pourrait de nouveau se rendre, dans les prochains jours, à Molex, une usine située en Haute-Garonne, menacée de fermeture et en conflits depuis de longs mois.
Rémi Barroux
Article paru dans l'édition du 29.08.09.

1 commentaire:

louis a dit…

EFFECTIVEMENT, Les effets de la crise sont dévastateurs pour les populations à risque. C'est à dire les plus pauvres.