jeudi 27 août 2009

CORSE: UN JOURNALISTE ENQUETE , SA VOITURE EXPLOSE


Corse : un journaliste enquête, sa voiture explose


Par Augustin Scalbert Rue89 27/08/2009 10H54



Le 26 aôut, vers 3 heures matin, la voiture du journaliste Enrico Porsia a explosé devant sa maison dans le village de Conca, près de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud). Cet attentat à l'explosif, non revendiqué, n'a pas fait d'autres dégâts et n'a blessé personne.
Porsia, directeur du site Amnistia.net -dont certains articles sont relayés sur le continent par Bakchich.info-, n'a pas la moindre idée des auteurs de l'attentat, et n'est pas en mesure de le lier avec l'une ou l'autre de ses investigations. Tout comme la gendarmerie qui a démarré une enquête sur ordre du parquet d'Ajaccio.
Interrogé sur le contexte de ce plastiquage, le journaliste français d'origine italienne raconte à Rue89 avoir reçu des « conseils amicaux » depuis qu'il a révélé l'automne dernier des irrégularités dans le projet de Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (Padduc), en mettant notamment en cause le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Corse (CTC), l'UMP Ange Santini, ainsi que le président UMP de l'assemblée de Corse, le député Camille de Rocca Serra. D'autre part, le journaliste pointait les ambiguïtés de certains nationalistes, officiellement opposés au plan.
« Un acte lâche, aux méthodes mafieuses »
Enrico Porsia avait révélé en septembre 2008 que le Padduc, un projet de l'exécutif corse, prévoyait le déclassement de terrains appartenant à Ange Santini, et d'autres au cousin germain de Camille de Rocca Serra. Situés sur le littoral, ils étaient jusqu'ici inconstructibles. Après déclassement, leur valeur pouvait grimper en flèche. Santini et Rocca Serra ont déposé plainte en diffamation contre Porsia.
Finalement, le Padduc n'a jamais été voté. Trop de scandales. La police a par exemple retrouvé un exemplaire de ce plan dans la voiture de Richard Casanova, un des « boss » présumés du gang de la Brise de mer, abattu en avril 2008.
Enrico Porsia constate que cet attentat est « un acte lâche, aux méthodes mafieuses » :
Reporters sans Frontières, qui a publié un communiqué, est sur la même ligne :
« Les tentatives d'intimidation de ce type sont un procédé lâche qui révèle le caractère criminel de l'organisation ou des individus qui en sont les auteurs. Nous espérons que les autorités traiteront cette affaire avec tout le sérieux nécessaire. »
Ce n'est pas la première fois qu'un journaliste est ainsi « intimidé » en Corse, loin s'en faut. Par exemple, à l'automne 2005, deux caméramen de France 2 et France 3 et un photographe de l'AFP avaient été molestés lors de manifestations contre la privatisation de la compagnie de ferries SNCM. Un journaliste du Parisien avait reçu des menaces de mort le visant, ainsi que sa famille. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, s'était fendu d'une longue lettre à Reporters sans Frontières.
Enrico Porsia, lui, dément avoir été récemment « passé à tabac » par des militants nationalistes lors d'une manifestation à Bastia, comme l'affirme l'AFP. « J'ai juste reçu une petite tape sur l'arrière de la tête. »

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