jeudi 9 juin 2016

Absentéisme : les initiatives en particulier au sein de la Métropole Aix Marseille Provence pour enrayer le phénomène

Club RH Aix-en-Provence - 19 mai

 

Nous agissons à la fois sur le collectif et l’individuel » – Laurent Peres (Aix-Marseille-Provence)

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Laurent Peres, DRH du conseil de territoire n°5 de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence, est revenu lors du Club RH d’Aix-en-Provence du 19 mai sur la prime de présentéisme institué il y a dix ans au sein de l’ex-SAN Ouest-Provence (aujourd’hui intégré à la Métropole sous la forme du conseil de territoire n°5). Il a également détaillé le travail partenarial mené en interne avec les acteurs de la santé au travail.
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Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
 

Vous avez institué une prime de présentéisme à partir de 2006 au sein de l’ex-SAN Ouest Provence. Quels en ont été les effets ?

Ils sont mitigés, avec un impact réel sur la maladie ordinaire mais seulement à court terme et qui s’est rapidement étiolé. Cette prime peut aussi avoir des effets pervers. Nous avons constaté que des agents utilisent des jours de congés quand ils sont malades pour ne pas la perdre. En revanche, elle pénalise les agents avec des maladies lourdes. Pour ce type de dispositif comme pour les autres, si on n’innove pas, si on ne les remet pas en perspective, on perd les effets.
Les effets de la prime de présentéisme sont mitigés, avec un impact réel sur la maladie ordinaire mais seulement à court terme et qui s’est rapidement étiolé

Quels sont les autres leviers que vous utilisez aujourd’hui pour prévenir et traiter l’absentéisme ?

Nous agissons à la fois sur le collectif et l’individuel. Concernant les mesures collectives, sur la prévention des risques par exemple, nous avons mis en place des actions ciblées sur des services à risque comme les déchets. Il faut avoir une approche personnalisée pour chaque entité.
Nous avons aussi systématisé l’analyse des accidents de service et des maladies professionnelles avec la mise en place d’actions correctrices et une évaluation de ces actions pour coller à la réalité du terrain. Et nous avons constaté une baisse très significative des arrêts pour maladie professionnelle.
Concernant les RPS, l’analyse s’est faite direction par direction sur le stress, en prenant en compte les problématiques internes et externes afin d’améliorer les conditions de travail.
Sur le plan des mesures individuelles, le contrôle médical des arrêts pour maladie ordinaire permet une meilleure prise en charge des agents. Il n’y a pas que l’aspect répressif. Cela permet d’établir le lien avec l’agent, d’identifier ses problèmes, ses pathologies. Mais les contrôles sur les arrêts de courte durée sont techniquement difficiles à réaliser.
Il n’y a pas que l’aspect répressif des contrôles des arrêts maladie. Cela permet d’établir le lien avec l’agent, d’identifier ses problèmes

Vous avez également mis en place des réunions de coordination médico-sociale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous nous sommes rendu compte que nous ne traitions tous qu’une partie du problème. Désormais nous nous réunissons une fois par mois avec tous les acteurs de la santé au travail, le service social, le service accompagnement professionnel, pour avoir une visibilité la plus large possible. On peut convier le directeur concerné pour qu’il puisse expliquer les contraintes du travail dans sa direction au médecin. Que celui-ci prenne conscience des problématiques d’aménagement de poste. Ces réunions permettent d’anticiper les risques psychosociaux (RPS), de mieux reclasser les agents, de faire des aménagements de poste, de prendre en charge des pathologies lourdes et des difficultés sociales.

Envisagez-vous de nouvelles actions pour lutter contre l’absentéisme ?

Oui. Nous souhaitons renforcer l’accompagnement individuel par la création d’un poste de conseiller en accompagnement professionnel, qui va faire du coaching sur 20 % de son temps.
Mais aussi mettre à disposition des directions des indicateurs RH sur l’absentéisme pour les responsabiliser.
Renforcer l’accompagnement individuel par la création d’un poste de conseiller en accompagnement professionnel

 

« Le statut offre des possibilités qu’on peut exploiter au maximum » – Vincent Bonnafoux

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Vincent Bonnafoux, DGA chargé des ressources humaines de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence a fait part, lors du Club RH d’Aix-en-Provence du 19 mai, des différentes mesures prises pour prévenir l’absentéisme lorsqu’il était en poste à la communauté urbaine de Strasbourg.
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Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
 

Quels sont les leviers qu’il vous semble opportun d’actionner pour prévenir l’absentéisme ?

Lorsque j’étais à Strasbourg, nous avions constitué une équipe pluridisciplinaire avec la DRH, le service conseil en réorganisation, le médecin du travail et l’assistante sociale afin de mieux travailler ensemble. Parallèlement, une charte du reclassement a été adoptée pour aller au bout de la démarche, c’est-à-dire reclasser l’agent même quand il ne le souhaite pas. Le statut offre des possibilités qu’on peut exploiter au maximum. L’amélioration des conditions de travail faisait partie de l’agenda social. Nous avons mis en place des groupes de travail, avec le décryptage des données RH pour caractériser l’absentéisme. Un accompagnement a ensuite été mis en place – avec des actions sur l’ergonomie, l’organisation du travail, le management – en fonction des besoins réels de chaque direction.

Plus globalement, avez-vous des conseils à donner au regard de votre expérience ?

Quand on traite de l’absentéisme, il faut d’abord savoir de quoi on parle. Mais aussi regarder les choses de près, sur le terrain, pour cibler les actions. Il faut commencer par s’intéresser aux problèmes collectifs pour que l’organisation fonctionne. Ensuite seulement, traiter des problèmes individuels. Il faut aussi agir en mode projet : définir les responsabilités de chacun, des délais et les résultats attendus. Puis être en relecture permanente des actions.
L’absentéisme est un sujet mouvant qui demande de la créativité, de l’humilité et de la persévérance.
Il faut commencer par s’intéresser aux problèmes collectifs pour que l’organisation fonctionne

Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène

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Des spécialistes RH étaient réunis par le Club RH de La Gazette le 19 mai à Aix-en-Provence, dans les locaux du centre de gestion des Bouches-du-Rhône, pour témoigner de leur expérience et apporter leur éclairage sur la question de l’absentéisme, dont le taux ne cesse de progresser dans la fonction publique. Quelles mesures privilégier ? Pour quels résultats ? Voici quelques éléments de réponse.
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Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
 
« Il est de notre rôle, en tant que centre de gestion, de participer à des rencontres d’échanges d’expériences pour aider les collectivités à gérer l’absentéisme », a expliqué Sakina Larbi, directrice générale des services du centre de gestion des Bouches-du-Rhône, en ouverture de la matinée sur la prévention de l’absentéisme, organisée par le Club RH de La Gazette le 19 mai.
La spécialiste a également insisté sur l’importance du soutien et du portage politique. Tout comme Christophe Bertrand, directeur général des services de la communauté d’agglomération du Grand Avignon, regrettant au passage que « la question de l’absentéisme n’intéresse généralement pas les élus ».
Avant d’entamer les échanges, Jean-Charles Rivet, directeur général adjoint de Sofaxis, a dressé un panorama des absences pour raisons de santé dans les collectivités, permettant de mieux comprendre les causes de la progression de l’absentéisme. « Ce sont les maladies professionnelles, et en priorité les troubles musculo-squelettiques (TMS), qui tirent la courbe de l’absentéisme vers le haut », a-t-il expliqué. Entre 2003 et 2014, le nombre de maladies professionnelles indemnisées a été multiplié par quatre. Le spécialiste a par ailleurs indiqué que la moyenne des arrêts est de plus en plus longue, notamment en raison du vieillissement des agents.

Faire du sur-mesure

A partir de là, comment faire ? « L’absentéisme est un phénomène multifactoriel et complexe qui amène des réponses diverses. L’approche doit être à la fois collective et individuelle », a expliqué Jérémie Vencatachellum, élève administrateur territorial de l’INET. Il faut donc combiner différents leviers et adapter les réponses à la réalité de chaque collectivité. Et même, à la réalité de chaque direction ou service.
« Chacun a des problématiques différentes. On ne peut pas apporter des réponses uniformes », a rappelé Christophe Bertrand. Il en va de même pour le traitement des situations individuelles. D’où l’intérêt de constituer des équipes de travail pluridisciplinaire pour proposer des réponses sur-mesure, comme l’a expliqué lors de son intervention Laurent Péres, DRH du conseil de territoire n°5 de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence.
Quelles que soient les mesures prises, elles doivent être régulièrement réinterrogées et adaptées. « On ne peut pas régler le problème une fois pour toute et passer à autre chose », a prévenu Jérémie Vencatachellum.
Les intervenants ont également rappelé la nécessité d’impliquer toute la chaîne hiérarchique pour traiter l’absentéisme. « Tous les acteurs doivent être sensibilisés et impliqués chacun à leur niveau », a résumé Carole Brevitaz, chef du service « prévention et sécurité au travail » du centre de gestion des Bouches-du-Rhône.

Agir sur tous les fronts

Sur les mesures précises à mettre en œuvre, il a largement été question des primes d’assiduité, à l’œuvre notamment à la communauté d’agglomération du Grand Avignon et au sein du conseil de territoire n°5 de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence. Prime dont l’efficacité se révèle discutable, avec des résultats sur les arrêts de courte durée, mais qui s’étiolent au fil du temps.
Présente dans la salle, Sonia Pavic, DGA ressources humaines de la ville d’Aix-en-Provence, a vanté les mérites de l’organisation du travail comme outil de prévention de l’absentéisme. Estimant notamment qu‘il faut « permettre aux agents de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, avec par exemple des horaires flexibles ».
Laurent Peres a de son côté insisté sur le travail d’analyse des dysfonctionnements. « Par exemple, le suivi régulier des arrêts d’accident de service et maladie professionnelle a contribué à faire baisser de 67 % les arrêts pour maladie professionnelle », a-t-il indiqué.
Pour des services difficiles, comme celui de la collecte des déchets évoqué par Christophe Bertrand, directeur général des services de la communauté d’agglomération du Grand Avignon, « il faut travailler sur l’utilité sociale des agents en communiquant auprès de la population. Ce peut être un levier de motivation », a proposé Sonia Pavic.
En guise de conclusion, Vincent Bonnafoux, DGA chargé des ressources humaines de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, a estimé que l’absentéisme est « un sujet mouvant qui demande de la créativité, de l’humilité et de la persévérance ».

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