vendredi 22 juillet 2016

Le Conseil national des villes livre sa recette pour prévenir la radicalisation:« Il y a un gisement de réservistes à exploiter dans les collectivités »!


« Il y a un gisement de réservistes à exploiter dans les collectivités »

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© JM Bockel
Dans un entretien à la Gazette, le sénateur (UDI) Jean-Marie Bockel réagit à l'appel aux Français de François Hollande à devenir réservistes. S'appuyant sur les préconisations d'un rapport qu'il a présenté le 12 juillet, deux jours avant l'attentat de Nice, l'ex-secrétaire d'Etat à la Défense préconise une rénovation en profondeur de la réserve militaire, en détaille les contours et sensibilise les fonctionnaires à cet engagement.
Moins d’une semaine après l’attentat meurtrier du 14 juillet à Nice, François Hollande a lancé le 20 juillet à Saint-Astier (Dordogne) « un appel aux Français qui le souhaitent » à rejoindre les rangs des différentes réserves des forces de sécurité et de l’armée.
Se constituera ainsi une « Garde nationale » a lancé le chef de l’Etat, reprenant ainsi une idée lancée après les attentats du 13 novembre. Pour le sénateur (UDI) du Bas-Rhin et ex-secrétaire d’Etat à la Défense, Jean-Marie Bockel, co-auteur avec la sénatrice (PS) de l’Aude Gisèle Jourda, d’un rapport présenté le 12 juillet sur la réserve militaire, cet appel à l’engagement « est une bonne chose ». Dans un entretien à la Gazette, il souligne l’intérêt de renforcer la réserve militaire mais insiste sur la nécessité de la rénover. Entretien.

Dans le rapport que vous avez présenté le 12 juillet avec la sénatrice (PS) de l’Aude, Gisèle Jourda, vous préconisez une rénovation en profondeur de la réserve opérationnelle militaire. Pour quelles raisons ?

Dans les opérations extérieures comme sur le sol national, avec l’opération « Sentinelle » déployée depuis janvier 2015, l’armée française est « au taquet », selon le mot du chef d’état-major, le général Pierre de Villiers. Dans ce contexte, et compte tenu de la forte menace terroriste d’aujourd’hui, l’appel à la réserve est indispensable. Mais elle se heurte depuis trop longtemps à un manque de moyens budgétaires, à l’absence de véritable doctrine d’emploi et à des grandes difficultés de gestion. Il faut donc la rénover.

Quelles sont vos préconisations ?

L’attentat de Nice l’a rappelé, les djihadistes peuvent frapper partout sur le territoire national. Or, il y a en France de nombreux déserts militaires, des zones entières où il n’y a plus de régiment ni de base militaire. La réserve opérationnelle nous donnerait ainsi la possibilité de réimplanter des effectifs dans ces départements en les adossant à des unités existantes. Nous plaidons donc en faveur d’un véritable maillage territorial qui permettrait de bénéficier d’une force complémentaire en cas de nécessité.

Quelles doivent être les missions de cette réserve militaire renforcée ?

Traditionnellement, l’exécutif fait appel à l’armée en cas de crise majeure, lors d’événements hors-norme. Le réserviste militaire assure alors des missions « de soldat » : surveillance aux frontières, protection de sites sensibles, collecte de renseignements, appui aux forces de sécurité intérieure.

Quels candidats conseillez-vous de sensibiliser en priorité ?

Il y a de toute évidence un effort à produire en direction de la jeunesse, dès 17 ans. Je pense notamment à tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui sont à la recherche d’un emploi et qui peuvent mettre à profit cette période particulière, par exemple le week-end, pour servir leur pays. Ils en ressortiront plus solides et ils pourront le faire valoir auprès de leurs employeurs.

Les fonctionnaires doivent-ils montrer l’exemple ?

Durant 38 ans, j’ai été moi-même réserviste. Il y a en effet un gisement de réservistes à exploiter dans les collectivités territoriales. Il fut une époque où l’on y voyait les secrétaires de mairie des petites communes, les enseignants, les ingénieurs. Aujourd’hui, les profils ont évolué et tous les métiers sont concernés : aussi bien les métiers territoriaux de la sécurité, qui ont des aptitudes, que les agents des services techniques. Et bien d’autres. Mais croyez-moi, si l’on parvient à créer un véritable maillage territorial, il y aura des volontaires en nombre. Il y a dans la fonction publique territoriale une forte sensibilité au service public de proximité.

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Le Conseil national des villes livre sa recette pour prévenir la radicalisation

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© CGET
Le Conseil national des villes (CNV) a remis, mardi 19 juillet à Patrick Kanner, un avis, voté à l'unanimité, recommandant de sous-traiter la politique de prévention de la radicalisation au niveau local. Les acteurs publics et associatifs y sont invités à investir massivement dans l'éducation des plus jeunes, la formation des travailleurs éducatifs et sociaux, le soutien à la parentalité, ainsi qu'à renforcer leur présence sociale, hors des murs des institutions, le soir, le week-end ainsi que durant les vacances scolaires.

Alors que les attentats islamistes ont fait 149 morts en France en 2015 et déjà plus de 80 rien que pour les premiers mois de 2016, comment peut-on améliorer l’efficacité de la prévention et de la lutte contre la radicalisation ? Sollicité par le ministère de la Ville qui voit dans la mise en place d’une réponse préventive, au-delà de la dimension purement sécuritaire visant à éviter de futurs actes terroristes, un « enjeu de cohésion nationale et sociale », le Conseil national des villes avance ses propositions.
Dans un avis voté à l’unanimité à la fin du mois de juin, cette instance consultative s’est en effet penchée attentivement sur l’élaboration et les modalités de mise en œuvre des plans de prévention de la radicalisation que sont appelés à préparer d’ici la fin de l’année les fonctionnaires territoriaux  animant la politique de la ville (contrats de ville) et/ou les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD).

Attention à la division, vive la résilience !

De la montée en puissance de programmes périscolaires jusqu’au renforcement de la présence sociale des acteurs publics en passant par la formation professionnelle, les auteurs et membres du CNV évoquent un certain nombre de mesures « qui nous semblent incontournables et doivent prioritairement être intégrées aux plans locaux pour une réelle prévention. »

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