dimanche 3 février 2019

Dans les territoires comme dans les lieux de travail, la CFDT invite militants et adhérents à participer au débat et y pousser leurs propositions.

GRAND DÉBAT NATIONAL :UN ESPACE D’EXPRESSION À INVESTIR SYNDICALEMENT

Publié le 23/01/2019
Dans les territoires comme dans les lieux de travail, la CFDT invite militants et adhérents à participer au débat et y pousser leurs propositions. De nombreux outils sont d’ores et déjà disponibles.
« Transformer les colères en solutions », écrivait Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français censée dessiner les contours du grand débat national. Lancé le 15 janvier devant 600 maires de l’Eure, cet exercice de démocratie participative à grande échelle se traduit, sur le terrain, par une multitude de réunions citoyennes sur tout le territoire. Une semaine après son lancement, la plateforme legranddébat.fr recensait plus de 690 événements. Alors que l’exécutif mise sur les élus locaux et les parlementaires de la majorité pour organiser les débats, d’autres acteurs sont prêts à s’y investir. À commencer par une partie de cette société civile si souvent malmenée au cours des derniers mois. « En choisissant de mettre de côté les corps intermédiaires, Emmanuel Macron s’est privé de ces capteurs de la société. Les syndicats, les associations et les élus locaux sont pourtant implantés dans les territoires et observent tous les jours les difficultés des Français », rappelait la CFDT, qui compte bien investir cet espace démocratique à différents niveaux. « En tant que citoyens, les adhérents et les militants ont toute légitimité à y participer », estime la secrétaire générale adjointe Marylise Léon. Pour alimenter la réflexion des participants, un support revendicatif décliné en cinq fiches pratiques est proposé. Il reprend les quatre thèmes du grand débat (fiscalité, transition écologique, services publics et organisation de l’État, démocratie et citoyenneté), auxquels la CFDT a souhaité ajouter un grand absent : le pouvoir d’achat.
Les unions régionales CFDT à la manœuvre
Également en ligne, un kit d’animation destiné à tous ceux qui voudront organiser ou coorganiser un débat avec d’autres. Et déjà, les unions régionales interprofessionnelles et les unions départementales sont à la manœuvre. Dans le Maine-et-Loire, quatre réunions seront organisées par la CFDT à Cholet (24 janvier), Angers (4 février), Saumur (28 janvier) et Segré (28 février). En Occitanie, l’URI a choisi de remodeler les « rencontres de proximité » organisées depuis un an à destination des adhérents et militants sur les bassins de vie. « L’idée n’est pas tant la proximité géographique que celle des centres d’intérêt et de ce que vivent les gens au quotidien », précise Grégory Martin, son secrétaire général. Plus au nord, le Syndicat CFDT Interco 56 vient d’adresser une lettre ouverte à l’Association des maires et des présidents d’EPCI du Morbihan pour demander l’ouverture de discussions axées sur le service public local. « Une première réunion citoyenne est prévue début février à Arzon, précise son secrétaire général, Jacky Meslin. Dans l’éventualité où trop peu de réunions auraient lieu d’ici à la mi-février, nous envisageons de solliciter l’UD 56 pour organiser, avec l’aide d’associations d’utilité publique, un débat sur le rôle de l’État et les services publics. » En parallèle, le syndicat organise le 1er février un atelier préparatoire à Vannes avec l’ensemble des militants et adhérents CFDT qui voudront s’exprimer dans les débats au nom des agents publics.
Réintroduire du débat sur les lieux de travail
« Notre légitimité, nous la tirons d’abord du terrain, de nos militants. Il nous faut profiter de ce moment pour remettre de l’expression collective sur les lieux de travail », poursuit Marylise Léon. À cette fin, la CFDT propose de mettre à la disposition des travailleurs des cahiers d’expression dans les entreprises et les administrations, et d’organiser d’ici à la mi-mars des débats ou assemblées générales avec les militants de section. Chez Disneyland Paris, la CFDT a choisi de s’appuyer sur ses 80 élus et délégués syndicaux afin de faire remonter les revendications des salariés, dont beaucoup se sentent concernés. « Dans les discussions, la fiscalité et la redistribution des richesses reviennent sans cesse. Notre action syndicale ne s’arrête pas à la négociation d’une prime exceptionnelle*. Nous sommes parfaitement dans notre rôle en faisant remonter ce que veulent les salariés en matière de pouvoir d’achat », explique la déléguée syndicale centrale Djamila Ouaz. Pour Marylise Léon, « réintroduire le débat sur les lieux de travail, c’est aussi une manière de responsabiliser les employeurs dans la période. Car si certains passent sous les radars actuellement, c’est bien eux ! ».
Ce qu’en attend la CFDT
Sur le pouvoir d’achat, la CFDT souhaite également, avec l’appui des fédérations, mener une campagne sur les salaires dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Et dans ce domaine, Apple pourrait bien avoir ouvert la voie. La section CFDT cherchait « quelque chose de plus pérenne qu’une prime sur le pouvoir d’achat ». Au terme des discussions, la direction a annoncé une augmentation annuelle des salaires de 750 euros pour tous les employés, exception faite des managers, ainsi que l’arrêt de l’indexation d’une prime faisant office de treizième mois sur le temps de présence, très désavantageux pour les femmes en congé maternité et les salariés en arrêt maladie.
Qu’adviendra-t-il à l’issue des débats ? C’est bien là tout l’enjeu de ce rendez-vous démocratique. Car si un tiers des Français compte y prendre part, beaucoup sont sceptiques quant à son utilité. Depuis la fin novembre, la CFDT appelle à un « Grenelle du pouvoir de vivre » réunissant associations, mouvements de jeunesse, organisations syndicales et patronales à l’issue du grand débat. Objectif : construire, avec d’autres, des solutions concrètes porteuses de plus de justice sociale. Marylise Léon l’a rappelé : « Si le gouvernement reste dans une position très verticale en décidant seul ce qui peut ou ne peut pas être appliqué, ce sera un échec. »
* En décembre, la CFDT a obtenu le versement d’une prime de 500 euros pour les 10 000 salariés de l’entreprise.

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